L’un des acteurs de la série Power Rangers a dû défendre sa place pour le premier film

L’un des acteurs emblématiques de la série télévisée « Mighty Morphin Power Rangers » a dû défendre sa place lors du passage sur grand écran, faisant face à une remise en question inattendue de sa participation au premier film de la franchise.

Des économies sur un phénomène mondial

Étrange paradoxe au cœur de la production du film Mighty Morphin Power Rangers: The Movie, sorti en 1995. Alors que la série originale faisait un véritable carton auprès du jeune public, générant des revenus colossaux, les producteurs n’ont pas hésité à rogner sur le budget dès qu’ils en avaient l’occasion. Pourtant, ce long-métrage s’éloignait déjà du modèle économique ultra-économe de la série télévisée — célèbre pour recycler massivement les images du Super Sentai japonais en les mêlant à des scènes jouées par des acteurs américains. Pour le film, un nouveau scénario fut écrit autour d’un méchant inédit, Ivan Ooze (incarné par Paul Freeman). Les antagonistes emblématiques de la série, Rita Repulsa et Lord Zedd, restaient présents, mais relégués à des rôles secondaires.

Sauver Lord Zedd : un combat en coulisses

Malgré cette réussite commerciale, les choix budgétaires restèrent drastiques jusqu’à menacer la présence même de certains piliers du casting vocal. C’est ce qu’a confié le regretté Robert Axelrod, inoubliable voix de Lord Zedd. Dans un entretien accordé en 2005 à Kaiju-Fan Online, il révélait avoir failli être remplacé par un comédien moins coûteux. Selon lui, une productrice engagée pour optimiser les dépenses — identifiée comme Suzanne Todd, alors déjà influente à Hollywood — aurait auditionné d’autres acteurs pour incarner Lord Zedd et cherché à remplacer également d’autres voix historiques du show. Axelrod évoque des conditions difficiles : « Nous avons dû travailler hors syndicat. Même le travail lui-même était désagréable… Je sentais que nous étions terriblement sous-payés puisqu’aucun résidu n’était prévu. »

Dans ce contexte tendu, c’est finalement l’intervention décisive de Haim Saban, fondateur de Saban Entertainment et figure majeure du divertissement jeunesse des années 1990, qui a permis à Axelrod de conserver son rôle iconique.

L’attachement d’Axelrod au personnage

Paradoxalement, malgré ces difficultés financières et contractuelles, Robert Axelrod nourrissait une véritable passion pour Lord Zedd. Ce rôle, il a dû longuement le revendiquer avant d’obtenir gain de cause ; bien avant d’être auditionné officiellement, il avait déjà conçu une voix rauque caractéristique spécialement pour le personnage. Son investissement ne fut pas vain : Lord Zedd allait devenir l’un des grands méchants cultes du petit écran.

Pour Axelrod, cette expérience demeura marquante : « Zedd avait une intégrité… Il était totalement maléfique… J’ai aimé son côté imposant, proche de Dark Vador. » Il rappelait aussi avec fierté l’impact culturel exceptionnel de la série : « ‘Power Rangers’ est devenu l’émission la plus populaire en vingt ans… Je suis fier d’en avoir fait partie. »

L’héritage discret, mais solide, d’un comédien culte

Disparu en 2019 à 70 ans après une riche carrière dans le doublage et quelques apparitions remarquées dans le cinéma indépendant américain, Robert Axelrod laisse derrière lui une empreinte indélébile sur plusieurs générations. Parmi ses contributions majeures : son travail sur les versions américaines d’anime populaires ou encore son apparition dans « Tim and Eric’s Billion Dollar Movie ». Un destin discret, mais marquant, au service d’une industrie qui a souvent privilégié l’économie à la reconnaissance artistique.