Le gouvernement anglais demande à Mark Zuckerberg de ne pas chiffrer les conversations sur Facebook
Dans une lettre ouverte publiée en octobre et mise à jour aujourd'hui, le gouvernement britannique demande un droit de regard sur les conversations tenues sur les différents réseaux sociaux au nom d'un "accès légal".
En mars 2019, Mark Zuckerberg publiait un communiqué mentionnant les plans futurs de Facebook et des marques associées (Instagram, WhatsApp). On pouvait notamment y lire : “Les communications privées des gens devraient être sécurisées. Le chiffrement de bout en bout empêche quiconque — nous inclus — de voir ce que les gens partagent sur nos services. […] Nous nous engageons à travailler de façon ouverte et à consulter des experts de toute la société au fur et à mesure que nous élaborons ce projet.” Ce projet inquiète les gouvernements à plus d’un titre, ceux-ci craignant de perdre un droit de regard, les communications chiffrées étant de facto inaccessibles par qui que ce soit en dehors de l’émetteur et du récepteur. Brandissant le spectre de la menace terroriste, la vente d’armes sur le marché noir ou encore la pédopornographie, les agences de sécurité cherchent à légitimer leur droit d’accès.
Trouver un équilibre
En octobre, le gouvernement anglais prenait les choses à bras le corps et publiait sur son site une lettre ouverte demandant à Mark Zuckerberg de réfléchir avant d’implémenter les communications chiffrées, au nom de “la protection des citoyens” et des utilisateurs des réseaux sociaux. Elle était également signée par le Procureur général des États-Unis William Barr, le Secrétaire par intérim à la sécurité intérieure Kevin McAleenan, et le Ministre australien de l’intérieur Peter Dutton.
Le gouvernement incitait plutôt le P.-.D.G. à trouver un terrain d’entente entre la sécurité et l’accès aux communications par les forces de l’ordre : “Nous devons trouver un moyen d’équilibrer la nécessité de sécuriser les données avec la sécurité publique et la nécessité pour les forces de l’ordre d’accéder aux informations dont elles ont besoin pour protéger le public, enquêter sur les crimes et prévenir les activités criminelles futures. Ne pas le faire entrave la capacité de nos organismes d’application de la loi à arrêter les criminels et les agresseurs.”
Des accès exceptionnels
Aujourd’hui, deux mois et demi après, cette lettre s’enrichit d’un “témoignage” de la main de Chloe Squires, Directrice de la Sécurité Nationale. Celle-ci y précise ce que le gouvernement britannique entend par “accès légal” : “une autorisation gouvernementale ciblée d’accès aux données d’une personne avec l’aide du prestataire de services dans des circonstances exceptionnellement limitées, lorsqu’il est nécessaire et proportionné de prévenir ou de détecter une infraction grave ou de protéger la sécurité nationale.” Pour appuyer son argument, elle évoque le Investigatory Powers Act 2016 qui a permis de mettre en place un cadre juridique approuvé par le Parlement. Quant à savoir si cela suffira à convaincre Mark Zuckerberg, il ne reste plus qu’à attendre.