Google : les résultats du moteur de recherche de moins en moins naturels
Google a une approche d'intervention manuelle de plus en plus fréquente sur les résultats de recherche, les algorithmes n'effectuant qu'un travail partiel.
En septembre, on apprenait que 48 états américains lançaient une investigation sur le monopole de Google sur la publicité en ligne, mené par le procureur général du Texas Ken Paxton. La loi antitrust américaine doit garantir la possibilité de l’existence d’une concurrence sur le marché, les 50 procureurs généraux se sont mobilisés pour s’assurer que l’entreprise de Mountain View n’empiète pas sur ce droit. Neuf des dix recherches effectuées sur Internet passent par Google Search, 1,5 milliards de personnes utilisent Gmail et probablement la Gsuite qui comprend Google Drive, Docs, Sheets, Slides et autres outils. Les serveurs de Google sont utilisés pour vérifier la validité des certificats avant l’accès à un site Internet, aussi l’on utilise l’infrastructure du géant que l’on le veuille ou non. Dès de départ, Paxton avait envisagé de s’intéresser à plus que la publicité en ligne, si d’aventures les circonstances le nécessitaient. Un article du Wall Street Journal vient aujourd’hui changer la donne.
Changement de philosophie
La domination de Google sur le secteur de la recherche en ligne est explorée dans cette longue enquête qui s’appuie sur une centaine d’interviews. Celles-ci révèlent que le géant intervient régulièrement pour mettre les mains sous le capot, là où l’on croyait que des algorithmes opéraient indépendamment. Le WSJ révèle que l’année 2016 “marque un virage dans sa philosophie fondatrice d’ “organisation de l’information mondiale” à une philosophie beaucoup plus active dans la décision dont cette information apparaît”
Des liens promus
Les employés et les contractuels ont “évalué” les résultats de la recherche sur des critères tels que l’efficacité et la qualité, entre autres facteurs, et ont en conséquence fait la promotion de certains résultats, qui se retrouvaient alors en haut de la page. En 2015, alors que les opposants à la vaccination étaient de plus en plus nombreux, un employé de Google défendait le besoin d’intervention, l’algorithme devant décider seul des résultats à présenter. Au lieu de ça, Google a placé en première position le site How Do Vaccines Cause Autism qui répond de manière radicale à la question : They fucking don’t.
Liste noire et liste blanche
ArsTechnica apporte un autre élément intéressant : depuis l’ajout de la fonction autocomplete, en 2004, qui propose des mots-clés pour compléter une recherche, certains d’entre eux sont interdits : sexualité, violence, harcèlement, menace — autant de suggestions qui n’apparaissent pas car placées sur listes noires. Des représentants de Google ont nié devant le Congrès américain tenir ces listes. Si celles-ci ne violent pas la loi sur l’antitrust, les nombreux modifications opérées sur les résultats et l’algorithme ont un impact sur des petites entreprises et des annonceurs, ce qui a de quoi inquiéter.