Apple copie des applications de l’App Store, non sans conséquences
Un article du Washington Post décrit comment Apple se sert de sa boutique d'applications pour piocher de bonnes idées, les intégrer à son système d'exploitation, et rendre ainsi obsolète le gagne-pain d'autres développeurs.
Hier le Washington Post décrivait dans un article intitulé How Apple uses its App Store to copy the best ideas (“Comment Apple utilise l’App Store pour en retirer les meilleures idées”) la démarche peu reluisante d’Apple envers l’innovation. Le journal introduit l’article avec l’exemple de Clue, une application permettant aux femmes de suivre leur période de menstruations, qui s’est élevé tout en haut des applications les plus téléchargées dans la catégorie Santé : Apple introduisant une fonctionnalité similaire dans son application Santé dès ce mois-ci, la popularité de l’application ne pourrait que décroître à partir de maintenant. Cet exemple n’est pas isolé — on pense notamment à TotalFinder ou TotalSpaces — et montre le double jeu que joue Apple : à la fois fournisseur aux applications d’un marché et compétiteur majeur.
Des applications rendues obsolètes
En 2013, Apple offrait une fonctionnalité qu’offrait auparavant une myriade d’applications : lampe-torche. Depuis lors, les applications de mesure ou même les emoji, qui n’apparaissait à l’origine que sur le marché de l’App Store se sont rajoutés en tant que feature d’iOS. Duet Display, une application permettant d’utiliser son iPad comme second moniteur d’un ordinateur, est rendue obsolète par l’intégration d’une idée similaire dans macOS dès ce mois-ci. Le Washington Post raconte qu’un terme existe pour cette situation, être “Sherlock-é” — un clin d’œil à la fonction de recherche d’Apple alors appelée Sherlock (~2006) qui empruntait de nombreuses fonctions à un logiciel tiers appelé “Watson”. L’affront d’Apple est même allé jusqu’à prendre son nom du comparse de Watson.
Business is business
Selon Steve Jobs, la fin justifiait les moyens. “Nous n’avons jamais eu peur de voler une bonne idée” avait-il dit. De même, Phillip Shoemaker, analyste de l’App Store pour Apple de 2009 à 2016 déclarait : “Je pense qu’Apple trouve beaucoup d’inspiration grâce aux applications de l’App Store”. Avec plus de 2 millions d’applications, l’entreprise californienne n’a qu’à attendre qu’une application se distingue sur l’App Store pour s’en inspirer, tout en profitant d’autres données en leur possession (temps passé sur l’app, achats intégrés, etc.). Apple est également gagnant toute la durée du succès d’une application puisque la firme absorbe 30% du prix d’achat. En 2013, DoApp, qui développait MyLite, application permettant d’imiter une lampe-torche, a vu son chiffre d’affaire chuter de $30 000 à zéro en quelques mois lorsque Apple a inclut une fonctionnalité similaire dans iOS 7. L’entreprise a du fermer ses portes en 2016. Un modèle économique que les législateurs américains voudraient remettre en cause.