C’en est fini de la gouvernance d’Internet par les Etats-Unis
Depuis la nuit dernière, l’organisme qui gère les noms de domaine Internet est désormais devenu indépendant. En effet, l’Icann s’est émancipé du contrôle par le ministère américain du Commerce.
Voilà une petite révolution dans le monde de l’Internet, ce ne sont plus les Etats-Unis qui s’occupent du contrôle de l’Icann, l’organisme qui gère, entre autres, l’attribution des noms de domaine sur Internet. Il est désormais indépendant. Un changement qui passera inaperçu pour les internautes.
L’Icann n’est plus sous le contrôle des Etats-Unis
Depuis 1998, c’était le ministère américain du Commerce qui contrôlait l’Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Number). Cet organisme est en charge de l’administration des noms de domaine tels que le .fr ou .com par exemple. Il gère en fait l’annuaire du web. C’est lui qui est à l’origine des nouveaux noms de domaines régionalisés ou personnalisés comme les récents .paris ou encore .wine.
Washington avait promis d’abandonner la gouvernance de l’organisme, c’est désormais une réalité puisque l’échéance du contrat qui rattache l’Icann avec le ministère américain du Commerce est arrivé à son terme. L’Icann devient une entité internationale auto-régulée et à but non lucratif. Ce changement n’aura toutefois aucune conséquence sur l’Internet assurait l’un des vice-présidents de l’Icann, Christopher Mondini. Le système « pluripartite » prévoit des garde-fous en cas de dérive.
Les politiques sont inquiets
Certains politiques américains voient le passage de l’Icann dans le giron privé d’un mauvais œil. Ils craignent notamment que des Etats autoritaires fassent la main basse sur Internet. L’Icann « n’est pas un organisme démocratique », lâchait ainsi le sénateur républicain Ted Cruz. De son côté, Jim DeMint, le président du groupe de réflexion conservateur Heritage Foundation, indiquait sur Twitter que le président des Etats-Unis « [voulait] céder le contrôle des Etats-Unis sur notre Internet libre et sûr à des régimes étrangers qui ne respectent pas la liberté d’expression ».
En France, c’était Axelle Lemaire, la secrétaire d’Etat au Numérique, qui s’inquiétait de ce changement en déclarant en mars dernier qu’il aurait « pour conséquence de marginaliser les Etats dans les processus de décision » au bénéfice du secteur privé.