Pour David Fincher, ce film culte d’horreur a terni l’héritage de Se7en

Image d'illustration. SevenSeven
David Fincher estime que l’héritage de son thriller culte Se7en a été éclipsé par l’influence d’un film d’horreur classique, dont le succès et la notoriété auraient, selon lui, impacté la façon dont Se7en est perçu aujourd’hui.
Tl;dr
- Fincher rejette le lien entre « Seven » et torture porn.
- « Saw » a transformé l’héritage du thriller horrifique.
- « Seven » reste une référence, malgré les polémiques.
Des inspirations contrariées
Difficile de ne pas évoquer la scène du péché de Lust dans « Seven », signée David Fincher, sans ressentir un malaise tenace. Ce passage, tout en suggestion, tire sa puissance de ce que la caméra choisit de cacher. Quelques images, le témoignage d’un client contraint à l’horreur… et l’imagination du spectateur fait le reste. Pour beaucoup, cette approche singulière du suspense et du choc visuel marque une rupture dans le thriller des années 90 — un sillon que certains relient aujourd’hui à l’émergence du torture porn, notamment avec l’arrivée de « Saw » en 2004.
Pourtant, ce rapprochement hérisse sérieusement David Fincher. En 2014, il confiait à « Playboy » combien il trouvait « offensant sur un certain plan que lorsque ‘Saw’ est sorti, on ait dit : ‘Le torture porn a vraiment commencé avec ‘Seven’.» Pour lui, la violence dans son film se veut certes « lurid », mais jamais gratuite ni montrée explicitement.
Saw : héritier ou imposteur ?
Si « Saw » intrigue par son atmosphère glauque et ses pièges inventifs, sa filiation avec « Seven » saute aux yeux. Deux hommes enchaînés dans une salle décrépite, des cassettes énigmatiques… Le tueur au centre du récit — le célèbre Jigsaw — pousse ses victimes à se mutiler pour survivre, là où John Doe délivrait une fable morale sur les dérives modernes.
Mais la différence se creuse rapidement : alors que le film original misait sur la tension narrative et la suggestion, ses suites sombrent peu à peu dans la démonstration gore. C’est précisément ce virage qui alimente l’amalgame avec le terme de torture porn, forgé par le critique David Edelstein. La mécanique y prend parfois le pas sur la narration elle-même.
Voici quelques repères pour mieux distinguer ces deux univers :
- « Seven » : Suggestion visuelle et tension psychologique.
- « Saw » : Intrigue puis basculement vers le spectacle sanglant.
- Torture porn : Recherche du choc comme finalité première.
L’héritage de Seven sous tension
Après les déconvenues d’Alien 3, « Seven » permettait à Fincher d’imposer sa patte. Reste qu’à force d’inspirer — ou d’être accusé d’avoir inspiré — certains débordements cinématographiques, il s’agace. Pourtant, toute œuvre puise quelque part : avant « Seven », il y eut « The Silence of the Lambs », et plus loin encore Fritz Lang ou Hitchcock.
Aussi marquantes que soient les œuvres qui ont suivi, difficile d’égaler l’impact et la longévité de « Seven ». Trente ans après sa sortie, ce classique continue de fasciner là où le torture porn commence déjà à se faire oublier. Preuve que la retenue et l’élégance narrative finissent toujours par triompher des excès spectaculaires.