Sean Connery s’estimait coupable de l’échec de ce polar criminel

Image d'illustration. La Femme de pailleMichael Relph Productions / PR-ADN
Malgré son statut d’icône du cinéma, Sean Connery a éprouvé un certain remords concernant l’échec d’un thriller criminel auquel il a participé. L’acteur écossais s’est senti en partie responsable des difficultés rencontrées par ce film à sa sortie.
Tl;dr
- Connery blâme son emploi du temps pour l’échec.
- « Woman of Straw » critiqué comme un thriller dépassé.
- Tournage difficile, contexte peu favorable au succès.
Un tournant mitigé pour Sean Connery après James Bond
Lorsque Sean Connery s’est glissé dans le costume de James Bond en 1962 avec « Dr. No », sa carrière a basculé : d’acteur discret, il est devenu une star mondiale. Deux ans plus tard, en pleine ascension et à la veille de livrer l’iconique « Goldfinger », le comédien écossais cherche à prouver qu’il ne se résume pas à l’espion britannique. C’est dans ce contexte que sort « Woman of Straw » en 1964, une tentative de s’affranchir de son image… qui va vite tourner court.
Un thriller désavoué dès sa sortie
Mis en scène par Basil Dearden, déjà salué pour « The League of Gentlemen », ce mélodrame criminel peine pourtant à convaincre. Dans le film, Connery incarne Anthony Richmond, un neveu manipulateur prêt à tout pour s’emparer de la fortune familiale – quitte à embarquer une infirmière italienne (campée par Gina Lollobrigida) dans un piège sordide. Malgré ce rôle contre-emploi, la critique juge le film daté. Le célèbre Eugene Archer du New York Times ironise ainsi sur l’acteur : « Quoi de plus archaïque que la vision de James Bond lui-même, traînant dans ce type de thriller démodé qu’il tourne habituellement en dérision ? »
L’autocritique sans concession de Sean Connery
Fait rare : Sean Connery assume publiquement ses responsabilités dans cet échec. Interrogé par Playboy en 1965, il confie sans détour : « Je n’étais pas emballé par ‘Woman of Straw’, même si les problèmes venaient surtout de moi. J’enchaînais les tournages sans relâche, tout en tentant des réécritures entre deux scènes – c’est toujours fatal… ». Ce besoin d’aller vite, conjugué à son envie farouche de casser le moule Bond, aurait donc contribué au fiasco.
Tensions et circonstances aggravantes sur le plateau
Pourtant, s’en tenir à la seule responsabilité du comédien serait réducteur. Selon Alan Burton et Tim O’Sullivan dans leur ouvrage consacré au tandem Dearden-Relph, le tournage fut perturbé par une atmosphère électrique : on parle d’une Lollobrigida exigeante et sujette aux conflits avec ses partenaires et le réalisateur. Difficile dans ces conditions d’instaurer une dynamique créative sereine… D’autant que la comparaison avec Hitchcock – alors maître incontesté du genre – planait sur chaque séquence.
Pour résumer les raisons avancées par certains observateurs lors de la sortie :
- Difficultés relationnelles sur le plateau ;
- Clichés scénaristiques peu innovants ;
- Presse prête à juger sévèrement tout faux pas post-Bond.
Même si « Marnie », autre film non-Bond sorti presque simultanément, connaîtra une réhabilitation tardive, « Woman of Straw » restera comme un rendez-vous manqué dans la riche trajectoire de Connery – preuve qu’à Hollywood comme ailleurs, vouloir sortir d’une case n’est jamais simple…