Cinquante ans après, The Rocky Horror Picture Show incarne toujours le refuge culte des marginaux au cinéma

Image d'illustration. The Rocky Horror Picture Show20th Century Fox / PR-ADN
Cinquante ans après sa sortie, The Rocky Horror Picture Show continue de séduire un public fidèle. Ce film culte s’impose toujours comme un refuge incontournable pour celles et ceux qui célèbrent la différence et l’excentricité sur grand écran.
Tl;dr
- « Rocky Horror » : culte, refuge et rite de passage.
- Rassemblement unique pour la communauté LGBTQIA+ et alliés.
- La tradition perdure face à l’adversité sociale actuelle.
Un héritage flamboyant et contestataire
Depuis près de cinquante ans, les nuits du samedi résonnent d’un étrange rituel : sur tous les continents, des foules déjantées convergent vers des salles obscures pour célébrer ce qui est devenu le graal du cinéma culte, « The Rocky Horror Picture Show ». Ce film, adaptation excentrique du spectacle imaginé par Richard O’Brien et réalisé par Jim Sharman, a survécu à un échec initial au box-office pour devenir le symbole d’une contre-culture insoumise. La participation du public, déjà au cœur de la version scénique londonienne, a essaimé dans les projections de minuit : confettis, accessoires loufoques et interpellations hurlées rythment chaque séance.
L’avènement d’une communauté soudée
Ce phénomène n’aurait jamais pris cette ampleur sans la ferveur de ses adeptes. Dès 1975, un spectateur nommé Michael Wolfson se glisse dans la peau du Dr. Frank-N-Furter et fonde la première troupe d’ombre interactive, où des fans costumés rejouent le film devant l’écran. Rapidement, « Rocky Horror » devient une tradition quasi-religieuse, portée par des passionnés comme le regretté Sal Piro. Plus qu’un simple divertissement, ces rassemblements s’imposent comme un espace d’affirmation et de liberté pour tous ceux qui se sentent en marge.
Pour illustrer cette diversité :
- Certaines séances réunissent plusieurs générations autour d’un même mythe.
- Des jeunes découvrent leur communauté lors de leur toute première venue.
- Tantôt havre pour les personnes LGBTQIA+, tantôt pont avec le public hétéro-cisgenre.
Sous le signe de l’émancipation queer
L’histoire intime du film se mêle aux avancées — et aux reculs — des droits LGBTQIA+. Quand « Rocky Horror » débarque au cinéma dans les années 1970, il s’inscrit dans le sillage des émeutes de Stonewall et agite sans complexe les thèmes de l’identité sexuelle, du désir transgressif et de la quête d’authenticité. À une époque où nombre d’États américains ne protégeaient pas — ou protègent toujours difficilement — leurs citoyens queer, ces projections deviennent un rare sanctuaire : billet abordable, accès ouvert aux mineurs ou aux travailleurs précaires, loin des codes restrictifs des bars.
L’immortalité d’un refuge exubérant
Face à la recrudescence actuelle des lois anti-LGBTQIA+ — telles que les « Don’t Say Gay bills » ou certaines attaques politiques contre les personnes transgenres — le message porté par « Rocky Horror » résonne avec une actualité brûlante. Ici, nul besoin de chercher à plaire ni à s’excuser ; l’affirmation collective demeure subversive. Comme un phare allumé sur la façade du manoir Frankenstein, chaque projection rappelle que s’exprimer sans honte reste un acte vital. Les générations passent, mais l’étrange voyage continue : « Rocky Horror » demeure ce lieu indomptable où chacun peut crier, danser… et être enfin soi-même.