Brave : un navigateur pour défendre votre vie privée

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Par Lionel,  publié le 8 octobre 2019 à 17h30, modifié le 28 juillet 2020 à 19h58.

Nouvel acteur dans la catégorie des navigateurs web, Brave a un fonctionnement singulier qui s'appuie sur une crypto-monnaie pour rémunérer l'attention de l'utilisateur, qui en retour peut choisir de reverser ses gains aux sites consultés.

La fatidique rengaine « Je n’ai rien à cacher » à laquelle se heurtent systématiquement les défenseurs des libertés numériques est de moins en moins un argument valable utilisé par les internautes à mesure que des scandales de fuite de données privées éclatent. Cambridge Analytica pour Facebook mais aussi récolte des données d’appels et des SMS, données massivement récoltées par Google en ligne et hors ligne, collecte de données sur les enfants par YouTube et Amazon (la firme planche en plus sur un bracelet qui lirait vos émotions), « dark patterns » : notre vie privée est attaquée tout azimut afin de remplir des profils qui seront monétisés, d’afficher des publicités toujours plus pertinentes et de « transformer » toujours plus efficacement l’internaute en acheteur et produit. Pour lutter contre cet environnement toujours plus nuisible, Brave se dresse comme une solution. Brave n’est ni un VPN, ni une alternative à Tor, mais un navigateur qui permet de se défendre contre la publicité en ligne, à un certain degré, et de rémunérer la presse en ligne.

Un peu d’histoire

On doit l’initiative à Brendan Eich, informaticien et créateur du langage JavaScript, aujourd’hui largement utilisé sur Internet, aussi bien par les sites web que par les navigateurs (Google Chrome, Internet Explorer, Opera) pour les moteurs de rendu. Il a participé à la création Fondation Mozilla lorsqu’AOL avorta les projets Netscape Navigator afin de sauver les contributions open source faites au navigateur web sur mozilla.org.

Directeur de la technologie de la Mozilla Corporation à sa création en 2005, il devient en 2014 PDG de la filiale de la Fondation Mozilla, avant de devoir démissionner une semaine plus tard suite à une controverse liée à un don de $1000 qu’il avait effectué en 2008 pour soutenir un référendum d’initiative populaire se portant contre le mariage entre personnes de même sexe.

Deux ans plus tard, on le retrouve à la tête du projet en source ouverte Brave, un navigateur lancé en 2016 qui bloque les pubs et les traqueurs et offre la possibilité de rémunérer des sites web de deux façons : soit en regardant jusqu’à 5 contenus publicitaires chaque jour sur un site au choix de l’utilisateur, soit en procédant à des micro-paiements

Défendre la vie privée

Le navigateur fut lancé en version 0.7 en janvier 2016 et piqua aussitôt l’intérêt de la presse spécialisée. Loué notamment pour offrir une plus grande protection contre les intrusions de la vie privée en bloquant par défaut les publicités et en forçant l’utilisation des versions HTTPS des sites Internet via l’extension HTTPS Everywhere de l’Electronic Frontier Foundation, il cochait toutes les bonnes cases au moment où la protection de la vie privée devenait primordiale pour les utilisateurs.

40 % plus rapide que Google Chrome

Brave ne se contente pas d’être proactif pour la protection des données personnelles : en bloquant les contenus publicitaires, le navigateur affiche plus rapidement les pages web, offrant ainsi une navigation plus rapide de l’ordre de « 40% » comparé à Google Chrome sur un ordinateur et 4 fois plus rapide sur mobile, si l’on se fie aux déclarations de Brendan Eich.

Aujourd’hui, Brave serait jusqu’à 2 fois plus rapide que Chrome sur desktop et de 2 à 8 fois plus vite que Chrome/Safari sur mobile. Pour garantir sa rapidité, l’équipe derrière brave s’est appuyé sur le moteur open source Chromium à la base de Google Chrome, mais aussi de Vivaldi. En conséquence, le navigateur est compatible GNU/Linux, Mac OS X et Windows depuis ses débuts. L’économie des quelques 21% de batterie nécessaire au téléchargement de données supplémentaires du à la publicité en ligne n’est pas négligeable non plus, sans parler du dépassement de l’enveloppe de données pour les forfaits les moins bien garnis. La programmatique, qui permet de tailler les publicités selon les données récoltées sur un utilisateur

Rémunérer la presse

Brave n’a cependant pas choisit de se contenter d’être rapide et agréable pour ses utilisateurs, mais a opté pour un modèle économique qui établit un compromis entre agression publicitaire constante et rémunération de la presse. Si l’on peut lire sur le web que le navigateur protège l’utilisateur et le rémunère, ce n’est pas aussi simple que cela.

En 2016, Brave a lancé une ICO qui a levé 35 millions de dollars en seulement 30 secondes. Cette ICO signifie donc l’implémentation d’une crypto-monnaie dans le navigateur Brave, intitulée Basic Attention Token. Le BAT ($0,20 par unité avec un market cap de 200 millions de dollars et plus d’un milliard et demi de jetons, dont un milliard est en circulation) est un jeton ERC20 de type Ether qui est versé à l’utilisateur en contrepartie de son temps d’attention sur un encart publicitaire ; l’utilisateur peut à tout moment décider de reverser une partie du BAT aux créateurs (YouTube, Twitch), éditeurs (Begeek, nos confrères de 24matins) qui leur tiennent à cœur à travers le programme Brave Publishers.

À terme, Brave souhaite implémenter l’apprentissage automatique ou machine learning pour déterminer avec plus de précision quelles sont les annonces pertinentes pour un utilisateur. Il reste cependant possible de bloquer toutes les publicités et le navigateur bloque par défaut les cookies tiers. Le BAT reste une initiative très singulière en ligne qui permet donc de rémunérer l’attention des navigateurs, dans un système où chaque parti est gagnant (utilisateur, éditeur, annonceur).

Une configuration aisée

Contrairement à d’autres navigateurs qui forcent l’utilisateur à fouiller dans les menus de configuration pour personnaliser son expérience, Brave joue la carte de la transparence et permet en quelques clics d’affiner ses préférences. Lors du premier lancement, il propose d’importer les favoris depuis un autre navigateur, de choisir son moteur de recherche par défaut (Qwant, DuckDuckGo, Google, Bing, StartPage) puis d’opter pour un thème (Léger ou sombre) et de régler les shields.

Les shields, traduit par “Protections” en français permettent de : bloquer/autoriser tous les cookies ou de bloquer seulement les cookies tiers ; bloquer les traqueurs publicitaires ; bloquer/autoriser les scripts. Dans une catégorie “Réseaux sociaux”, il est possible de bloquer les boutons de partage de Facebook, l’affichage des tweets dans des textes ainsi que les boutons de login de Google et Facebook — un ensemble de petits éléments qui chacun récolte des données sur vous et déposent des cookies sur votre ordinateur pour suivre votre activité.

Comme dans d’autres navigateurs, il est possible de faire appel à des raccourcis dans la barre d’adresse pour faire une recherche sur un moteur différent de celui qui a été choisi par défaut. Ainsi avec “navigateur Brave :g”, la recherche se lancera sur Google, mais avec “navigateur Brave :d”, elle se lancera sur DuckDuckGo et le suffixe “:b” enverra la requête sur Bing. Un petit outil fort pratique pour échapper aux bulles de filtre.

Essayer Brave

Si les principes et le fonctionnement de Brave vous plaisent, vous pouvez télécharger gratuitement le navigateur sur votre ordinateur ou votre ordinateur depuis la page Brave.com. En utilisant Brave, vous pourrez choisir de soutenir Begeek, qui nous le rappelons, est un média 100% indépendant.

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