Brave dépose une plainte contre Google sur fond de RGPD
Brave campe une fois de plus le rôle de protecteur de la vie privée de ses utilisateurs et attaquant en justice le géant de l'Internet. Le tout grâce au Règlement général sur la protection des données.
Initiative lancée en 2016 par Brendan Eich, créateur de JavaScript et directeur de la technologie de la Mozilla Corporation de sa création en 2005 jusqu’à 2014 où il devint son P.-D.G., Brave est un navigateur alternatif qui se veut différent de l’offre classique proposée par le duopole Google Chrome/Firefox. Il a l’ambition d’être aussi rapide que le premier et aussi centré sur la protection de la vie privée que le second, notamment à travers le blocage par défaut des cookies (des publicités en option) et l’utilisation des versions HTTPS des sites Internet via l’extension HTTPS Everywhere de l’Electronic Frontier Foundation. Dès ses premières releases, le navigateur offrait en outre l’option de bloquer les scripts (à l’instar de l’extension NoScript), les boutons de partage de Facebook, l’affichage des tweets dans des textes ainsi que les boutons de login de Google et Facebook, qui chacun à leur manière, récolte des données sur les utilisateurs en déposant des cookies permettant le suivi de leur activité.
Contrer l’omniscience de Google
Se présenter en cette ère post-Cambridge Analytica et Edward Snowden comme pour la défense de la vie privée est une position stratégique, mais Brave semble faire sienne cette éthique. On apprend via le site CoinTelegraph que Brave a déposé une plainte formelle contre Google avec le chef de file du RGPD en Europe. Depuis mais 2018, le Règlement général sur la protection des données permet aux citoyens européen de se protéger en demandant une copie de ses données et leur effacement. La plainte a été déposée par Johnny Ryan, directeur général de la politique et des relations de l’industrie de Brave, qui avait fait le serment de confronter Google en justice si le géant ne cessait pas d’abuser de son pouvoir en partageant les données d’utilisateurs recueillies par des dizaines de ses services distincts, et en créant un entrepôt de données « à disposition de tous ».
Redonner à chacun le contrôle indépendamment des services Google
C’est la Commission irlandaise de protection des données qui a reçu sa plainte. Johnny Ryan accuse Google de violer l’article 5, paragraphe 1, point b), du RGPD qui exige que les données soient « collectées à des fins spécifiques, explicites et légitimes et ne soient pas traitées ultérieurement d’une manière incompatible avec ces finalités« . La Commission « est chargée de réglementer la protection des données de Google dans l’ensemble de l’Espace économique européen« . Selon le plaignant : « L’application de la plainte de Brave pour « limitation de l’usage » du RGPD contre Google équivaudrait à une séparation fonctionnelle, donnant à chacun le pouvoir de décider quelles services de Google il a choisi de récompenser avec leurs données. »
Brave aurait également écrit à la Commission européenne, au Bundeskartellamt allemand, à l’Autorité britannique de la concurrence et des marchés et à l’Autorité de la concurrence française. Si aucun de ces organismes de réglementation ne prend de mesures contre Google, Brave a suggéré qu’il pourrait attaquer le géant de la technologie en justice lui-même.