Dragon Age Inquisition : déclaration d’amour
Le dernier jeu de rôle de BioWare est, à mes yeux, un véritable bijou qui marque la vie d'un joueur.
Faire le test d’un jeu qu’on adore, c’est très agréable, mais ce n’est pas si simple. Dragon Age est une série qui me tient beaucoup à cœur et je veux réussir à exprimer cette passion, à lui rendre l’hommage qu’elle mérite, tout en conservant une certaine rigueur d’analyse, indispensable pour vous offrir un test précis et utile.
Déjà en 2009, Dragon Age Origins avait bénéficié d’un excellent accueil des joueurs comme de la presse spécialisée. C’est un jeu que j’avais adoré après l’avoir découvert sur le tard. J’avais toutefois fait l’impasse sur l’épisode 2 du fait des critiques peu élogieuses sur son caractère restrictif et son cruel manque d’ambition en comparaison de son brillant prédécesseur.
Mes attentes pour Dragon Age Inquisition étaient énormes et elles n’ont pas été déçues, elles ont même été dépassées puisqu’il est tout simplement devenu mon jeu vidéo préféré. BioWare a réussi à me faire ressentir des émotions qui vont bien au-delà de la simple excitation de gagner et cela passe bien sûr par une réalisation et une interprétation sans faille, mises au service d’un travail d’écriture aussi brillant que colossal.
Dragon Age a certes quelques défauts…
Pourtant le jeu n’est pas dénué de quelques défauts et il semble évident que certains n’y trouveront pas leur compte. Ces défauts concernent principalement l’interface de gestion d’équipement qui se révèle lourde à manipuler et peu intuitive.
Dans un autre registre, l’exploration, rendue dans son ensemble très satisfaisante grâce à des décors variés et somptueux, devient parfois frustrante quand votre personnage se trouve incapable de grimper un pauvre rocher d’1,50 mètre de haut. Il faut se faire une raison, on n’est pas dans Uncharted et la varap n’est pas au programme.
On pourra en outre regretter une certaine faiblesse du système de butin. En effet, les objets récupérés seront très largement destinés à la revente et on peut passer plusieurs niveaux avec la même arme principale. Si on y ajoute l’aspect rébarbatif de la gestion d’équipement, c’est sans doute le principal point noir du jeu, même si le système d’artisanat relève un peu tout ça. En effet, une fois qu’on maîtrise ce dernier, il s’avère plutôt convaincant. Enfin, pour certains, le jeu est tellement riche qu’il pourra être perçu comme tout simplement trop long, mais, pour moi, cette durée de vie est sans conteste une énorme qualité.
… largement compensées par d’immenses qualités d’écriture.
Alors, pourquoi Dragon Age Inquisition est-il à mes yeux le meilleur jeu, non seulement de 2014, mais le meilleur jeu tout court et donc un achat totalement incontournable pour tout fan de jeu de rôle ?
Il y a d’abord l’écriture. Celle de l’histoire centrale bien sûr, qui n’est pas aussi linéaire qu’on pourrait le craindre et qui réserve au joueur des moments véritablement épiques, mais je pense surtout à l’écriture des personnages. Si, comme moi, vous adorez prendre le temps de parler avec tous les membres de l’équipe et que voir se déclencher une cinématique de dialogue est toujours un plaisir, vous n’allez pas être déçu. Que ce soit vos conseillers, qui resteront la plupart du temps au centre de commandement ou vos compagnons de champ de bataille, chacun a été travaillé avec la plus grande minutie. BioWare accomplit le tour de force de vous donner véritablement l’impression de faire partie d’une équipe alors que vous jouez en solo. Cet esprit de corps s’exprime notamment dans certaines scènes particulièrement savoureuses, que ce soit une partie de cartes mémorable ou encore une série de blagues que vous pouvez choisir de partir faire à vos camarades avec une certaine Elfe qui se reconnaîtra. Il faut souligner combien les personnages féminins sont forts et bien écrits. Cassandra, Leliana, Joséphine, Vivienne, chacune est à la fois unique et fascinante. Il est très rafraîchissant d’échapper ainsi aux clichés qui gangrènent parfois le jeu vidéo.
Réalisation : travail de titan et incroyable sens du détail
Après l’écriture, il faut saluer la réalisation et la qualité artistique. Le monde est aussi splendide que varié. Cette qualité va bien au-delà de ces incroyables paysages et englobe l’interface en général, en passant par la table du conseil de guerre et jusqu’aux écrans de chargement ou de sélection de vos compagnons d’aventure. En résumé, que ce soient les graphismes, le design, les animations, la musique, les dialogues qui se déclenchent entre vos compagnons, les chansons des bardes dans les tavernes, les centaines de texte qu’on peut ramasser de par le monde, tout respire la qualité, l’implication, la passion. C’est grandiose.
Des mécanismes de jeu très intelligents
Outre ces deux premiers aspects essentiels, il faut aussi souligner l’intelligence de certains mécanismes de jeu. C’est notamment le cas de la dynamique entre missions de terrain et expansion de l’influence de l’Inquisition depuis la table du conseil de guerre. Ainsi, lorsque vous accomplissez des quêtes, vous accumulez des points de pouvoir. Ces points peuvent ensuite être dépensés pour débloquer les opérations et donc les zones supplémentaires. C’est un parfait équilibre entre gameplay et réalisme. La variété est aussi au rendez-vous, notamment dans la gestion des combats qui peut se faire en temps réel en comptant sur vos réflexes ou en mode tactique, en planifiant soigneusement chacune de vos actions. On peut bien sûr mixer les deux approches, la tactique s’avérant souvent nécessaire face aux adversaires les plus tenaces. D’ailleurs, pour ceux qui aiment le défi, je conseille de commencer directement le jeu en mode difficile.
J’ai particulièrement apprécié la possibilité de personnaliser l’état du monde pour qu’il reflète les choix que moi, en tant que joueur, avais effectués dans les épisodes précédents. Cela renforce d’autant la sensation de continuité et de cohérence, comme si le monde de Thedas conservait l’empreinte de votre passage, mais tout en continuant à vivre entre les différents épisodes.
Comptez fleurette
En conclusion, il faut souligner que vous passerez un certain temps, en fonction de votre motivation, à ramasser toutes sortes de fleurs et de minerais ainsi qu’à récupérer du cuir et des peaux si vous avez le cœur de tuer les animaux que vous croiserez. Cela pourra sembler un peu fastidieux à certains ou merveilleusement bucolique à d’autres, mais il faut bien récupérer des ressources pour l’alchimie, la forge et le travail du cuir. Il est important de souligner enfin l’existence d’un mode multijoueur, que je n’ai malheureusement pas pris le temps de tester, honte à moi. Ce mode est forcément un peu anecdotique en comparaison du mode solo qui est la raison d’être d’un jeu comme Dragon Age, mais il a le mérite de proposer des missions courtes, orientées action et auxquelles vous participerez avec un personnage spécialement dédié à ce mode, donc entièrement distinct de vos personnage du mode solo.
Romances : mes nuits sans Leliana
Je pourrais en dire bien plus, mais impossible de ne pas terminer sans évoquer les romances, ces possibilités d’entrer dans une relation amoureuse avec un(e) de vos compagnons. L’approche est plus subtile que dans le premier Dragon Age qui reposait beaucoup sur les cadeaux. Oubliez même la jauge d’approbation, il faudra se fier à vos impressions et à votre mémoire pour savoir ce que vos compagnons pensent de vous, sans oublier leur représentation sur les cartes de tarot de sélection des membres du groupe, dont le dessin évolue en fonction de vos relations. Ce sont vos actions, vos décisions et vos opinions qui façonneront ce qu’on pense de vous. Seul point qui m’a un peu brisé le cœur, certains personnages qu’on aimerait courtiser sont parfois inaccessibles, à commencer par Leliana, une des femmes clés de la saga depuis le premier épisode. Elle n’est d’ailleurs pas la seule, mais chut !
J’en suis à près de 100 heures consacrées à cette promenade épique et sentimentale et je n’en suis toujours pas lassée. Voilà, si ce test ne vous a pas convaincu d’envisager d’acheter ce chef d’œuvre, j’imagine que rien ne le fera, mais soyez prévenus, vous passez vraiment à côté d’une magnifique expérience.