Spider-Man à la télévision : une aventure kitsch mais pionnière

Image d'illustration. The Amazing Spider-ManCBS / PR-ADN
Bien avant que Sam Raimi ne popularise Spider-Man au cinéma, l’homme-araignée avait déjà tissé sa toile sur les écrans européens, séduisant un large public grâce à des adaptations locales qui témoignaient de son succès international dès ses premières années.
Tl;dr
- Nicholas Hammond a incarné Spider-Man à la télévision dans les années 1970, avec deux saisons diffusées sur CBS.
- La série a connu un succès inattendu en Europe, où certains films montés à partir d’épisodes ont permis à des spectateurs de découvrir Spider-Man avant le cinéma américain.
- Malgré ses limites techniques et critiques mitigées, cette version reste un pionnier discret, posant les bases des adaptations futures du héros.
Le Spider-Man oublié des années 1970
Bien avant que le costume de l’Araignée ne soit endossé par Tobey Maguire, Andrew Garfield ou encore Tom Holland, un certain Nicholas Hammond incarnait déjà le célèbre super-héros sur petit écran. À la fin des années 1970, la série télévisée américaine The Amazing Spider-Man diffusée sur CBS, tentait de donner vie, tant bien que mal, à l’univers du héros new-yorkais. Malgré des audiences honorables, le programme n’aura tenu que deux saisons avant d’être interrompu.
Succès inattendu en Europe et différence générationnelle
Chose étonnante, si la série a rapidement disparu des écrans américains, elle a connu une seconde vie sur le Vieux Continent. Le pilote, repackagé par Columbia Pictures sous le simple titre Spider-Man, s’est vu offrir une sortie en salle qui a rencontré un réel succès dans plusieurs pays européens. Encouragés par ces résultats au box-office, les studios ont ensuite reproduit la formule à deux reprises : d’abord avec Spider-Man Strikes Backen 1978 puis avec Spider-Man: The Dragon’s Challengetrois ans plus tard. Ces films étaient en réalité un montage d’épisodes de la série.
Pour certains spectateurs européens, la sortie du Spider-Man de Sam Raimi vingt ans plus tard ne marquait donc pas une première apparition sur grand écran. Tandis qu’aux États-Unis, nombre de fans découvraient leur héros favori au cinéma pour la première fois, certains Européens vivaient là leur quatrième expérience cinématographique de l’homme-araignée.
Critiques acerbes et limites techniques indéniables
Reste que cette version seventies n’a jamais su convaincre les critiques — ni même Stan Lee, son créateur historique. L’ambiance jugée kitsch, les scénarios faiblards et surtout des effets spéciaux datés lui ont valu une réputation mitigée. Les adultes se détournaient du show qu’ils estimaient soit trop enfantin, soit infidèle à l’esprit des comics. Ce fut donc principalement auprès du jeune public que la série trouva son écho — un point problématique pour CBS, désireuse de capter un auditoire plus large.
Il faut dire que donner vie aux exploits spectaculaires de Spider-Man, notamment ses célèbres envolées entre les gratte-ciel new-yorkais, relevait alors du défi technique quasi impossible à relever avec les moyens des années 1970. Même la trilogie moderne signée Raimi dut lutter pour rendre crédible ce ballet aérien. Pourtant, selon Hammond lui-même : « Tous les combats et cascades étaient bien réels ; aucune astuce visuelle ni miniature n’était utilisée — quand on voit un homme à trente-cinq étages du sol, il y est vraiment. »
L’héritage discret d’un pionnier télévisuel
En définitive, malgré l’enthousiasme déployé par ses équipes et quelques scènes d’action devenues cultes chez les initiés, ce premier essai grandeur nature aura vite été relégué au rang de curiosité nostalgique. Une parenthèse méconnue qui rappelle qu’avant d’être roi du box-office mondial, Spider-Man devait composer avec les limites – mais aussi l’audace – d’une époque révolue.