Battlestar Galactica : quand les Cylons réfléchissent comme des Replicants

Image d'illustration. Battlestar GalacticaSyfy / PR-ADN
Les Cylons de Battlestar Galactica prolongent les dilemmes existentiels des Replicants de Blade Runner.
Tl;dr
- Battlestar Galactica explore un cycle éternel entre humains et machines, en écho à la question créateur/créature déjà présente dans Blade Runner.
- L’évolution des Cylons vers une forme humaine renforce le parallèle avec les Replicants, tous deux cherchant sens, empathie et identité auprès de leurs créateurs.
- La série conclut sur l’idée que l’histoire pourrait se répéter, faisant de son héritage une réflexion durable sur l’humanité, la technologie et les tragédies cycliques.
L’héritage science-fiction de Battlestar Galactica
Sous ses allures de simple space opera, la série Battlestar Galactica se distingue par sa réflexion sur le rapport entre créateurs et créatures, un thème qui résonne particulièrement avec celui de Blade Runner. À plusieurs reprises au fil des épisodes, une phrase revient telle une ritournelle prophétique : « Tout cela est déjà arrivé et arrivera encore ». Dans cet univers, l’affrontement sans fin entre l’humanité et les machines conscientes, appelées Cylons, semble inéluctable. Cette idée d’un éternel recommencement s’enracine dans le passé énigmatique de la planète Kobol, lieu d’origine mythique partagé par humains et Cylons.
L’évolution des Cylons, miroir des Replicants ?
Au départ, les Cylons étaient dépeints comme de simples robots métalliques, voix mécaniques comprises. Mais la version réimaginée du show transforme radicalement ces antagonistes : sous l’influence du co-créateur Ronald D. Moore, ils prennent forme humaine, tant pour des raisons budgétaires que narratives. Ce choix offre à la série une profondeur nouvelle. Selon Ronald D. Moore lui-même, cette mutation soulève un dilemme passionnant : pourquoi des robots voudraient-ils ressembler à leurs créateurs ? La réponse vient autant du besoin d’empathie que d’une volonté de questionner la filiation créateur/créature.
On retrouve là une proximité troublante avec les Replicants de Blade Runner. Dans le film de Ridley Scott — adaptation du roman Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? — ces androïdes organiques cherchent désespérément à comprendre leur existence et à prolonger leur vie auprès de leur concepteur. Le parallèle est assumé : Edward James Olmos lui-même, interprète emblématique dans les deux œuvres (Adama dans Battlestar Galactica, Gaff dans Blade Runner), s’amuse à suggérer un lien familial fictif entre ses personnages.
Cycliques tragédies et héritage narratif
La dernière saison de Battlestar Galactica opère un basculement audacieux : on découvre que l’action se déroule 150 000 ans avant notre époque. Les survivants colonisent une planète qu’ils nomment « Terre », posant les bases de notre propre civilisation. Une séquence finale montre des avancées en robotique, insinuant que le cycle pourrait recommencer — tout comme Tyrell dans Blade Runner, répéterait les erreurs du passé.
Pour mieux saisir ce tissage thématique, voici ce qui relie ces deux univers :
- Cylons et Replicants partagent la quête existentielle face à leurs créateurs.
- L’évolution des machines sert de métaphore sur notre humanité.
- L’idée d’un destin cyclique traverse les récits.
Derrière la fiction : questions existentielles et influence durable
Finalement, qu’il s’agisse des interrogations spirituelles des Cylons ou du désespoir tranquille des Replicants, Battlestar Galactica prolonge brillamment les réflexions amorcées par Blade Runner. Entre influences revendiquées et passerelles imaginaires (Olmos n’hésitant pas à théoriser une filiation directe entre ses rôles), la série ne cesse d’interroger ce qui fait — ou défait — notre humanité face au progrès technique et aux créations qui nous échappent parfois…