L’improbable immersion de Oasis dans l’animation
En 5 ans, la marque de jus de fruits Oasis est passée de hasbeen à machine à blagues qui fait marrer Internet.
Vous n’avez pas pu y échapper, les p’tits fruits de Oasis font un véritable carton sur le web. Et pourtant, il y a quelques années, la marque était un peu has-been, surtout si vous avez connu la période Carlos …
Mais après avoir été rachetée par le groupe Orangina Schweppes Group, Oasis a entamé une transformation étonnante, et qui fait passer aujourd’hui la boisson pour l’une des plus cools de nos fiertés nationales. En effet, Oasis n’existe qu’en France et ne s’est jamais exportée, mis à part dans quelques pays limitrophes, mais sous une autre marque.
Depuis 2005, un changement assez radical s’est opéré, et pour rendre ses jus un peu plus fun, Oasis s’est inventé une ribambelle de personnages fictifs représentant des fruits et portant des noms comme Ramon Tafraise, Mangue Debol, ou Orange Presslé. Et même si l’on ne boit pas ses bouteilles, on se régale avec les jeux de mots assez tordants pondus par une équipes de créatifs infatigables.
Une stratégie qui a été plutôt concluante, et doit sûrement être prise en exemple dans toutes les écoles de pub et marketing. Entre 2007 et 2012, les ventes été multipliées par deux, et en 2013, Oasis était la boisson soft drink numero 2 en France derrière Coca-Cola ! Belle réussite.
La marque a franchi une nouvelle étape depuis quelques mois, avec des événements improbables : chaque semaine, les créatifs de l’agence Marcel imaginent une parodie du film de la semaine où les p’tits fruits de Oasis squattent l’affiche et remplacent les acteurs dans des visuels détournés. Et pour le moment, je ne me souviens pas d’en avoir vu une seule de ratée.
Encore plus fort, une équipe de veille est chargée, au sein de l’agence Marcel, de scruter et rebondir sur l’actualité au quotidien en trouvant des jeux de mots pour faire marrer les fans sur Facebook et Twitter.
En 2013, c’est avec une major du cinéma, Marvel Films, que ces idées ont donné lieu à un premier partenariat pour la sortie du film Iron Man 3, ou cette-fois-ci, les p’tits fruits se sont illustrés dans la campagne de pub du long métrage. L’idée a fait mouche, et Marvel indique même que le succès du film a été du en partie à la campagne Oasis ! Cette réussite a donné naissance à plusieurs autres partenariats, le plus récent étant lié au prochain volet de Captain America, ou grâce à Oasis, celui-ci devient évidemment Captain Ananamerica.
Il y a quelques jours, j’ai reçu une invitation pour venir découvrir l’avant première de “L’effet Papayon” au cinéma. Alors, non Oasis ne se prend pas encore pour Pixar avec un long métrage, mais n’en est finalement pas si loin. Boosté par un engouement incroyable sur les réseaux sociaux, Oasis et son agence ont donc imaginé une série animée qui dépasse le stade de la publicité au sens classique du terme, dont le plus long film d’animation était jusqu’à maintenant un 45 secondes.
Nous avons donc pu découvrir le premier d’une série de 4 épisodes de 2’30, qui est diffusé au cinéma et sur Youtube. Lorsque Oasis nous a présenté cette série, on a vraiment senti que les personnages étaient passés du stade de mascottes rigolotes à celui de héros de fiction.
Le projet a d’ailleurs été conçu avec un scénariste de cinéma, Yoann Gromb, à qui l’on doit l’excellent film l’Arnacoeur, dans lequel Romain Duris et Vanessa Paradis nous redonnent confiance dans la comédie à la française.
365 jeux de mots, 692 références, impossible de ne pas se marrer !
Pour la partie technique, c’est le collectif Les Andy’s qui a été choisi pour leurs compétences en animation 3D. Et l’ensemble est assez réussi. On apprend ainsi que près de 400 jeux de mots ont été utilisés dans les quatre films, ce qui assure un rire quasi permanent. Je suis généralement assez bon public, mais l’humour est le divertissement sans doute le plus risqué. Et je vous assure que j’ai vraiment rigolé sans me forcer du début jusqu’à la fin. C’est très marrant, et bourré de références à la pop culture (Plus de 600 !) : cinéma, musique, télé, et internet. Seul regret après avoir vu le film, 2’30, ça passe vraiment très vite, trop même !
Le premier épisode a dépassé les 600 000 vues en 5 jours, et attention, il faut absolument se repasser le film plusieurs fois pour découvrir toutes les pépites planquées par le scénariste. Je ne vous dévoile pas tout, mais si vous avez une once de culture web, vous devriez bien vous marrer en regardant ce premier épisode, intitulé Le Cocoloc, que voici :
http://www.youtube.com/watch?v=2HqFH4Gr8pk
On remarquera par exemple un faux site réservé aux adultes et qui adopte le look de ce dernier. Enfin, c’est ce que l’on m’a dit !
Après la première diffusion, je me suis senti un peu frustré, j’avais vraiment envie d’en voir plus. J’ai demandé si un format plus long pouvait être envisagé, pourquoi pas un film, ce qui serait, il me semble, une première pour une marque ! La réponse m’a fait plaisir “un film, c’est un tout autre budget, mais on a quelque chose de plus long que ces 2’30 en tête”.
Tu cherches un plan jus dans ta région ? Viens sur YouPomm.com ?
J’avais déjà été impressionné par la réussite de la marque sur les réseaux sociaux. Oasis compte en effet 3,2 millions de fans sur Facebook, ce qui est réellement marquant pour une marque qui n’est vendue qu’en France ! Sur Twitter, 129 000 followers 100% fruits se régalent des calembours toujours aussi bien trouvés.
Personnellement, je ne bois pas d’Oasis et je n’ai pas été soudoyé pour écrire cet article, mis à part la bouteille qui était posée sur le bras de mon fauteuil pour la séance, mais je suis admiratif du résultat et je trouve la démarche excellente.
Je suis fan de cette campagne, et apparemment, je ne suis pas le seul. Après avoir vu le premier épisode de la série L’effet Papayon, je n’ai qu’une envie : voir le suivant, et espérer voir un jour un long métrage qui marcherait sur les plates-bandes de Pixar et Disney. Le second film sera diffusé en mai, le troisième en juin et le dernier, en juillet. Et quand on demande à Yoann Gromb ce qu’il nous réserve pour la suite, le scénariste évoque avec humour une explosive saison 2, encore plus folle que la première.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, ça m’en bouche un coing !