Les dessous de la censure autour du sous-texte LGBTQ+ dans « Xena, la guerrière »

Image d'illustration. Xena, la guerrièreUniversal Pictures / PR-ADN
La série Xena: la guerrière, devenue culte pour ses allusions LGBTQ+, a longtemps dû composer avec les restrictions imposées par les dirigeants de studios. Ce sous-texte, qui a marqué la communauté queer, a pourtant été maintes fois censuré.
Tl;dr
- « Xena » a révolutionné la représentation LGBTQ+ à la télévision.
- La relation Xena/Gabrielle n’a jamais été officiellement canonisée.
- Les contraintes commerciales ont limité l’affichage explicite de leur romance.
Une pionnière à double tranchant
Il y a des séries dont l’audace ne se dévoile qu’avec le recul du temps, et Xena, la guerrière appartient sans conteste à cette catégorie. Au milieu des années 1990, alors que les héroïnes d’action demeuraient rares sur le petit écran, Xena, incarnée par Lucy Lawless, redéfinit les attentes. Sa coéquipière, la fougueuse Gabrielle (Renée O’Connor), évolue du statut de faire-valoir candide à celui de partenaire véritablement complexe et essentielle. Si l’humour décalé et la capacité de la série à se moquer d’elle-même séduisaient, ce sont ses ombres – parfois inattendues – qui lui conférèrent sa singularité.
Censure et sous-entendus : une romance empêchée
Au cœur du phénomène, une question tenace persiste : pourquoi la relation entre Xena et Gabrielle, devenue emblématique pour la communauté LGBTQ+, n’a-t-elle jamais été explicitement officialisée à l’écran ? Selon le co-créateur Robert Tapert, tout remonte aux réticences des studios : « C’est l’une des rares fois où [les dirigeants] ont dit : “Vous ne pouvez pas faire ça, nous perdrions nos annonceurs.” » Les producteurs prirent alors le parti d’user d’allusions et de sous-entendus, refusant même que les deux héroïnes partagent un plan dans le générique afin de ne « pas donner de mauvaises idées ».
L’influence sur les générations futures
Pourtant, loin d’éteindre les ardeurs créatives, ces limites ont poussé scénaristes et actrices à jouer avec la frontière entre amitié profonde et amour latent. L’équipe s’est amusée à semer des indices pour un public complice. À ce sujet, R.J. Stewart, autre pilier créatif du show, confiait avec malice : « Aujourd’hui, après trente ans, les fans ont tranché. Elles sont définitivement gays maintenant. »
On peut dresser une liste rapide des éléments marquants qui expliquent l’impact durable de la série :
- Sous-texte queer assumé malgré l’absence d’officialisation.
- Dynamique inédite entre deux femmes fortes, rare à l’époque.
- Tonalité irrévérencieuse et auto-parodique.
L’héritage de Xena dans le paysage télévisuel LGBTQ+
Tandis que des productions plus récentes hésitent encore à afficher franchement les couples homosexuels ou transgenres, préférant parfois diluer ces relations dans l’insignifiance, Xena, la guerrière fait figure d’exception rafraîchissante. Ni Lucy Lawless, ni Renée O’Connor ne revendiquent personnellement une identité queer mais toutes deux ont joué cette complicité amoureuse sans détour ni gêne : « C’est seulement une question d’amour dans chaque scène ».
Si la romance n’a jamais été écrite noir sur blanc dans le script original, elle s’est imposée au fil du temps comme une évidence partagée par toute une génération – y compris par celles qui avaient inspiré ce mythe télévisuel moderne.