La saison 5 de Slow Horses pourrait commettre l’erreur narrative la plus marquante de la série

Image d'illustration. Slow HorsesApple / PR-ADN
La cinquième saison de Slow Horses suscite des interrogations, alors que la direction prise par l’intrigue pourrait remettre en cause les choix narratifs qui ont fait le succès de la série d’espionnage britannique depuis ses débuts.
Tl;dr
- La saison 5 mise sur l’actualité brûlante.
- Le charme intemporel de la série en pâtit.
- La modernité du récit divise les fans.
Un virage contemporain qui déroute
Avec la sortie de la saison 5, épisode 1 — « Bad Dates » — la série britannique Slow Horses, disponible sur Apple TV+, bouscule ses habitudes et surprend, peut-être un peu trop. Dès les premières minutes, le spectateur est plongé dans une intrigue saturée de menaces contemporaines : fusillades, assassinats politiques, populisme et luttes électorales façon disruptor vs. politicien traditionnel. Autant dire que l’ombre du contexte actuel plane sans subtilité.
L’intemporalité sacrifiée sur l’autel de l’actualité
Jusqu’ici, le véritable atout de Slow Horses résidait dans sa capacité à cultiver une atmosphère hors du temps. L’univers de Slough House, entre dossiers papier poussiéreux et bureaux dignes d’un film noir, restait en marge des innovations technologiques et des modes vestimentaires éphémères (sauf rares exceptions). Cette singularité formait le socle d’un récit où l’ancien affrontait le moderne, incarné notamment par l’inclassable Jackson Lamb (Gary Oldman) et sa maîtrise ambiguë de l’espionnage.
Pourtant, avec ce début de saison, la série semble vouloir cocher toutes les cases de l’actualité immédiate. Difficile alors pour certains fidèles d’y retrouver le ton doucement anachronique qui faisait la force du show. Le sentiment d’un rythme précipité domine : chaque menace sociale ou politique imaginable fait irruption en quelques scènes seulement.
Narration éclipsée par la gravité du propos
Si la série avait jusqu’alors su traiter les tensions – souvent héritées de la guerre froide ou des luttes intergénérationnelles – en privilégiant les dilemmes personnels à portée universelle, cette nouvelle orientation narrative laisse perplexe. Les enjeux intimes cèdent la place à une succession d’événements globaux qui peinent à offrir aux personnages le même espace d’expression.
Pour mieux comprendre ce déséquilibre, rappelons trois éléments structurant cette identité particulière :
- L’alchimie du casting, indissociable du succès de la série.
- L’humour grinçant et les dialogues semi-hostiles, marqueurs forts des précédentes saisons.
- L’adaptation fidèle aux romans de Mick Herron, dont cette saison transpose « London Rules ».
L’incertitude comme horizon narratif
Certes, il n’est pas exclu que Slow Horses parvienne à renouer avec sa magie initiale au fil des épisodes – un retour à l’équilibre n’est pas impossible. Mais pour l’heure, difficile d’ignorer cette impression persistante : trop vouloir coller à notre époque pourrait bien faire perdre à la série ce charme singulier dont elle a longtemps fait sa marque.