Il y a 57 ans, trois œuvres ont révolutionné la science-fiction en une seule année

Image d'illustration. 2001 L'Odyssée de l'EspaceMetro-Goldwyn-Mayer / PR-ADN
Il y a 57 ans, le monde de la science-fiction a connu un tournant décisif avec la sortie simultanée de trois œuvres majeures. Ces créations ont profondément marqué le genre et continuent d’influencer l’imaginaire collectif aujourd’hui.
Tl;dr
- 1968 révolutionne la science-fiction au cinéma et en littérature.
- 2001, La Planète des singes, et Dick bouleversent le genre.
- Leur influence façonne la SF moderne, mêlant spectacle et réflexion.
L’année charnière de la science-fiction
Regarder en arrière, c’est constater à quel point l’année 1968 fut décisive pour la science-fiction. Jusque-là considérée comme un divertissement de niche, la SF explose soudain sur la scène mondiale, portée par trois œuvres majeures : 2001 : l’Odyssée de l’espace, La Planète des singes, et le roman de Philip K. Dick, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. Un basculement tel que le genre, jusque-là cantonné à des aventures spatiales ou à des visions futuristes naïves, se met à interroger frontalement les peurs et les contradictions humaines.
Kubrick : la SF devient du grand cinéma
Avec 2001 : l’Odyssée de l’espace, Stanley Kubrick propulse la science-fiction vers une toute autre dimension. Fini les navettes colorées ou les effets spéciaux faciles ; place au réalisme scientifique, à une esthétique hypnotique et à une narration elliptique. Le film ne raconte pas tant une histoire qu’il propose une expérience sensorielle autour d’un monolithe énigmatique guidant l’évolution humaine. L’ordinateur HAL 9000 marque une rupture : jamais une intelligence artificielle n’a été aussi complexe et inquiétante à l’écran. On y devine un miroir tendu vers nos angoisses contemporaines quant au progrès technologique. Kubrick, en refusant toute explication simpliste, force son public à s’interroger — d’où ce statut inégalé aujourd’hui encore.
Derrière les masques : la critique sociale mordante de « La Planète des singes »
Au même moment, Hollywood ose regarder la Terre en face avec La Planète des singes. Ce qui commence comme un pur film d’aventure bascule rapidement en un réquisitoire féroce contre les travers de notre société. Le script signé par Rod Serling, le créateur du célèbre The Twilight Zone, inverse les rôles pour mieux dénoncer discriminations raciales, abus de pouvoir et dérives morales. La scène finale — Charlton Heston effondré devant une Statue de la Liberté en ruines — reste gravée dans toutes les mémoires pour sa force symbolique glaçante : « L’humanité s’est détruite elle-même ». Un choc qui rappelle combien cette fable simiesque demeure d’actualité.
Littérature visionnaire : Philip K. Dick préfigure notre obsession pour l’humain augmenté
Si le cinéma bouscule déjà les codes, le livre de Philip K. Dick sort dans une relative indifférence… avant d’irriguer toute la culture pop moderne grâce à ses interrogations existentielles inédites. Dans ce monde post-apocalyptique où traquer des androïdes indistinguables revient à questionner notre propre humanité, Dick invente le débat sur la conscience artificielle bien avant que « cyberpunk » ne devienne un mot-clé incontournable. Sa réflexion — Qu’est-ce qu’une émotion authentique ? Où finit l’homme, où commence la machine ? — irrigue désormais tout récit d’intelligence artificielle ou de transhumanisme.
Pour résumer :
- 2001 : l’Odyssée de l’espace impose le respect artistique au genre.
- La Planète des singes démontre qu’on peut mêler divertissement et charge politique.
- Philip K. Dick, lui, pose les bases philosophiques du futur numérique.
Difficile d’imaginer le cinéma contemporain — d’Alien à The Matrix, sans cette triple secousse venue de 1968. En moins d’un an, la science-fiction cesse de prédire seulement demain ; elle questionne déjà nos vérités d’aujourd’hui — et c’est bien là toute sa puissance moderne.