Cette minisérie HBO Max avec Al Pacino, avec un record d’Emmys, est un incontournable

Image d'illustration. Angels in AmericaHBO / PR-ADN
Al Pacino s’illustre une fois de plus à la télévision avec une minisérie saluée pour ses performances et son impact, désormais disponible sur HBO Max. Ce programme, couronné d’Emmys, suscite l’engouement des amateurs de séries d’exception.
Tl;dr
- Succès critique : 11 Emmy Awards pour la mini-série HBO.
- Adaptation fidèle de la pièce engagée de Tony Kushner.
- Exploration poignante du sida et de l’identité queer.
Un défi d’adaptation : dix ans de gestation
La naissance de Angels in America sur le petit écran ne s’est pas faite sans peine. Dès le début des années 1990, l’exécutif Cary Brokaw s’attelle à l’ambitieux projet d’adapter la pièce magistrale de Tony Kushner. Plusieurs réalisateurs, dont brièvement Robert Altman, sont approchés avant que le flambeau ne soit confié à Mike Nichols, réputé pour « The Graduate ». Pendant plus d’une décennie, entre hésitations et changements de direction, une conviction s’impose : un film unique serait incapable de rendre justice à la vaste fresque imaginée par Kushner. Ce sera donc une mini-série produite par HBO, avec l’auteur impliqué dans chaque étape.
L’étoffe d’un chef-d’œuvre télévisuel
Lorsque « Angels in America » débarque sur les écrans en 2003, portée par une distribution vertigineuse — Al Pacino, Meryl Streep, Emma Thompson, Jeffrey Wright — c’est un raz-de-marée critique. On se souvient encore de ses onze trophées lors des 56e Primetime Emmy Awards, performance rare pour une œuvre issue du câble. D’ailleurs, elle s’impose rapidement comme la mini-série la plus regardée cette année-là. Mais ce triomphe ne tient pas seulement à sa notoriété ou à son casting : il prend racine dans l’extraordinaire puissance du texte original, récompensé notamment par le Prix Pulitzer et le Tony Award après sa première en 1992.
L’art du récit fragmenté et engagé
Pour faire honneur à l’ampleur du matériau source, HBO mise sur une diffusion séquencée : trois premiers épisodes suivis des trois derniers, reprenant la division entre « Millennium Approaches » et « Perestroika ». Ce choix structurel permet au public d’appréhender pleinement les multiples trajectoires entrelacées. Parmi elles :
- AIDS, incarnation de la tragédie intime avec Prior (Justin Kirk), abandonné par son compagnon Louis (Ben Shenkman) face à la maladie ;
- Lutte identitaire, illustrée par Joe (Patrick Wilson), juriste mormon écartelé entre ses convictions religieuses et sa sexualité, auprès d’une épouse tourmentée (Mary-Louise Parker) ;
- Pouvoir et secret, autour du mentor Roy Cohn (Pacino) déterminé à cacher sa propre infection.
À travers ces histoires individuelles qui se croisent parfois violemment, la série dissèque avec finesse les tensions sociales et politiques du New York des années Reagan.
L’héritage d’une œuvre mythique et moderne
Par-delà ses qualités narratives et visuelles, « Angels in America » marie une fantaisie débordante — anges, spectres, visions hallucinées — à une lucidité presque documentaire sur l’épidémie de sida et les fractures identitaires. Réalisme brut et onirisme y cohabitent, soutenus par des performances où Meryl Streep et Emma Thompson, chacune caméléon dans plusieurs rôles, brouillent les frontières entre genres. Plus qu’un succès télévisuel, la mini-série demeure aujourd’hui accessible sur HBO Max, témoin vibrant d’une époque où la fiction osait regarder le réel droit dans les yeux.