Un film peut-il réaliser l’exploit du Grand Chelem des Oscars d’interprétation ?

Image d'illustration. Everything Everywhere All at OnceA24 / PR-ADN
Jamais un film n’a raflé les quatre Oscars d’interprétation lors d’une même cérémonie. Cette enquête explore pourquoi ce grand chelem demeure inédit, en s’appuyant sur l’histoire des récompenses et sur les cas où le rêve a failli devenir réalité.
Tl;dr
- Aucun film n’a gagné les 4 Oscars d’interprétation.
- Trois films ont failli réussir cet exploit inédit.
- La structure des rôles rend cette prouesse quasi impossible.
Un rêve d’Oscars : la quête du quadruple sacre
Quasiment un siècle d’Oscars, et une prouesse demeure insaisissable : décrocher les quatre statuettes d’interprétation lors d’une seule cérémonie. L’idée fascine, et force est de constater qu’aucun film, pas même les plus célébrés, n’a réussi ce grand chelem. Les exemples sont rares, mais trois œuvres se sont dangereusement approchées du but : « Un tramway nommé Désir », « Network » et plus récemment « Everything Everywhere All at Once ». Retour sur ces cas d’école, véritables jalons dans l’histoire des Oscars.
L’exemple presque parfait : « Un tramway nommé Désir »
En 1951, l’adaptation cinématographique de la pièce de Tennessee Williams s’impose comme une démonstration collective hors pair. Le film remporte trois prix majeurs – Meilleure actrice, Meilleur acteur dans un second rôle, et Meilleure actrice dans un second rôle. Pourtant, le mythe du « quatre sur quatre » lui échappe à cause du revers de Marlon Brando. Son interprétation novatrice, jugée trop avant-gardiste pour l’époque, ne convainc pas face à celle – plus classique – de Humphrey Bogart. Il faudra attendre encore quelques années pour que Brando soit récompensé, mais l’occasion était manquée.
Structures narratives et obstacles cachés
Ce qui complique cette quête ? Tout simplement la structure des scénarios eux-mêmes. La plupart des films mettent en lumière un seul protagoniste principal. Dès lors, il devient ardu de proposer quatre rôles suffisamment marquants pour séduire les membres de l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences. Les biopics brillent ainsi souvent dans la catégorie principale… mais peinent à fournir autant de partitions mémorables aux seconds rôles. D’ailleurs, sur plus de neuf décennies d’existence, seuls quinze films ont été nommés dans les quatre catégories d’interprétation.
Voici pourquoi le quadruple sacre reste si rare :
- Trop peu de films offrent quatre personnages aussi riches qu’équilibrés.
- L’envie de « partager les prix » persiste chez les votants.
- Divers enjeux contextuels – renouvellement des votants, évolution des genres – brouillent toujours les cartes.
L’éternel espoir d’un exploit inédit
De nombreux observateurs et passionnés scrutent chaque année les listes de nominations dans l’espoir qu’un film parvienne enfin à décrocher ces fameux quatre Oscars d’acteur. Mais force est d’admettre qu’aucune œuvre ne semble jamais réunir toutes les conditions : une équipe au sommet, des performances unanimement saluées… et une absence totale de concurrence féroce ou de récits extérieurs favorisant le partage des récompenses. Et puis, n’oublions pas que le paysage évolue sans cesse ; demain, avec la disparition potentielle des catégories genrées ou une académie toujours plus diversifiée, la donne pourrait radicalement changer. Mais jusqu’ici, le mythe demeure intact – fascinant autant que frustrant.