James Cameron : pourquoi sa vision de Jurassic Park aurait pu tourner au fiasco

Image d'illustration. Jurassic ParkUniversal Pictures / PR-ADN
James Cameron avait envisagé de réaliser une adaptation cinématographique de Jurassic Park avant que Steven Spielberg ne s’en empare. Ce projet avorté soulève aujourd’hui des interrogations sur le résultat qu’aurait pu offrir le célèbre réalisateur d’Avatar.
Tl;dr
- James Cameron a failli réaliser Jurassic Park.
- La version de Spielberg propose un juste équilibre entre grand spectacle et film familial.
- La vision de Cameron’ aurait transformé Hollywood et la carrière de Spielberg.
Des studios en lice pour un chef-d’œuvre préhistorique
Avant que l’écrivain Michael Crichton ne disparaisse en 2008, ses romans étaient déjà une manne inépuisable pour le cinéma hollywoodien. Le phénomène Jurassic Park, inspiré de l’un de ses livres les plus célèbres, était d’ailleurs promis à une adaptation bien avant sa sortie en librairie. La course aux droits cinématographiques, particulièrement acharnée, a vu s’affronter plusieurs poids lourds du secteur, chacun rêvant d’y associer un réalisateur prestigieux : chez Warner Bros., on pensait à Tim Burton ; du côté de Columbia, c’est une version action signée Richard Donner qui se dessinait ; tandis que 20th Century Fox misait sur la créativité de Joe Dante. Mais c’est finalement Steven Spielberg, soutenu par Universal Pictures, qui remporta la mise — avec l’appui déterminant de Crichton lui-même.
Cameron, Spielberg : deux visions aux antipodes
L’histoire aurait pourtant pu basculer tout autrement. Lors d’une visite au Titanic Museum de Belfast en 2012, le cinéaste James Cameron a révélé être passé à un cheveu d’obtenir les droits du roman. Son intention ? Une adaptation fidèle au ton sombre et cynique de l’œuvre originale, presque un « Aliens » revisité avec des dinosaures, destinée aux adultes et marquée par une classification R. Mais le tandem Universal-Spielberg l’a coiffé au poteau… à quelques heures près. Fait rare : Cameron concède aujourd’hui que Spielberg était probablement mieux placé pour rendre justice à ce film culte : « Les dinosaures sont faits pour les enfants… Spielberg avait la sensibilité idéale pour ce projet. »
L’équilibre subtil de Spielberg : entre frissons et émerveillement
Certains critiques n’ont pas manqué d’alerter les familles à la sortie du film sur la teneur effrayante de certaines séquences – la scène du bras tranché ou encore l’attaque du T-Rex restent mémorables. Pourtant, si la magie opère toujours trente ans plus tard, c’est grâce au mélange savamment dosé entre suspense et émerveillement cher à Spielberg. Un dosage qu’un film signé Cameron aurait sans doute remplacé par davantage de violence graphique et une tonalité plus noire.
À y regarder de plus près, l’influence va bien au-delà du simple divertissement familial. Quelques points clés permettent d’en saisir toute la portée :
- L’équilibre commercial : Un « Jurassic Park » interdit aux mineurs aurait limité sa portée mondiale (plus d’un milliard de dollars au box-office pour la version existante).
- Basculement historique : Le succès du film a contribué à ouvrir la voie à « La Liste de Schindler », autre projet majeur mené par Spielberg la même année.
- Tournant artistique : Les choix opérés autour du film ont façonné durablement le cinéma des années 1990.
L’impact décisif d’une course contre-la-montre hollywoodienne
Au fond, si le destin avait souri différemment à Cameron, le visage même du cinéma populaire aurait pu s’en trouver bouleversé. Non seulement le ton du film, mais aussi l’enchaînement des grands projets portés par Spielberg auraient changé : sans « Jurassic Park », difficile d’imaginer « La Liste de Schindler » sortir dans la foulée et remporter sept Oscars. Parfois, dans cette industrie où tout peut basculer en quelques heures, il suffit d’un rendez-vous manqué pour écrire une page majeure de l’histoire du septième art.