Mentionnons tout d’abord que la Swell de Cabasse n’est pas répertoriée dans la catégorie “Hi-Fi” du site officiel, et ce pour au moins deux raisons : la première est qu’aux yeux du constructeur français, ne sont hi-fi que ses enceintes colonnes, bibliothèques et caissons de graves — en plus de la gamme “Chef d’œuvre acoustique” ; deuxièmement, un signal Bluetooth, qu’il soit 3.0 ou 4.0 est forcément une transmission de données avec perte.
Malgré le développement de technologies telles que l’aptX de Qualcomm, le LDAC de Sony ou le SBC, aucun débit n’est suffisamment élevé pour un transfert lossless. Le Bluetooth 5.0 ne fait par ailleurs pas mieux puisqu’il a été conçu avant tout pour obtenir des taux de latence plus bas pour les objets connectés de l’Internet of Things, ses applications audio performantes (2 Mb/s) n’étant pas au programme de l’industrie audio (la demande du public n’étant pas assez forte selon PP Garcia). En conséquence, il ne faut pas s’attendre à une transmission lossless ou au bit près sur la Swell : le terme hi-fi serait donc malvenu.
Passée cette technicalité (qui n’est donc pas une exception mais la règle générale), penchons-nous sur le son en lui-même. La première chose qui surprend sont les grosses basses, qui apportent un réel plaisir de redécouvrir certains morceaux et de pouvoir distinguer des sons de basses différentes, avec des impacts toujours mesurés (sur Sophie – MSMSMSM, The Weeknd – The Hills, Rita Ora – Anywhere, Tchami – Shot Caller) lorsqu’ils sont construits autour d’une ligne de basse.
Il n’en est pas de même sur l’excellent Sound & Color des Alabama Shakes, pourtant très porté sur la basse, instrument trop souvent mis en retrait sans lequel un morceau sonne pourtant généralement creux. Au travers des différents morceaux de l’album, la basse écrase littéralement la musicalité des morceaux ; l’album bénéficie pourtant d’un mix particulièrement soigné.
De même, sur des morceaux pop comme ceux de Robyn, de Kacey Musgraves, Years & Years, les voix se retrouvent étouffées et en retrait et les aigües sont loin d’être cristallins. De manière générale, dès qu’il s’agit de restituer autre chose que les fréquences basses, l’enceinte pèche ; cela reste vrai pour le rap aussi, de Damso à Kalash Criminel en passant par Ideal J.
La où l’enceinte brille le plus sont de grands morceaux orchestraux (Audiomachine – Colossus) et la musique électronique, l’EDM tout particulièrement comme mentionné plus haut. Sur des morceaux plus finement mixés, notamment le désormais culte Sunrise de Norah Jones, la basse ne vient pas tout gâcher : mais ce niveau de production demande du meilleur matériel, des meilleurs ingénieurs son, un mix et mastering par des experts — des moyens rarement mis en œuvre dans le monde musical.