Steven Spielberg a orchestré l’isolement de Matt Damon sur le tournage de « Il faut sauver le soldat Ryan »

Image d'illustration. Il faut sauver le soldat RyanAmblin Entertainment / PR-ADN
Pour le tournage de « Il faut sauver le soldat Ryan », Steven Spielberg a volontairement instauré une certaine distance entre Matt Damon et le reste de la distribution, afin d’alimenter à l’écran la tension entre les personnages et renforcer l’authenticité du récit.
Tl;dr
- Matt Damon a échappé au boot camp du film.
- L’hostilité entre acteurs était voulue par Spielberg.
- Le tournage fut épuisant pour le reste du casting.
Un boot camp sélectif sur le tournage de Sauver le soldat Ryan
Dans l’arrière-plan du film de guerre emblématique signé Steven Spielberg, une dynamique inattendue s’est instaurée parmi les acteurs. Si la plupart des membres principaux, à commencer par Tom Hanks, Vin Diesel, Edward Burns ou encore Giovanni Ribisi, ont dû traverser une préparation militaire intense, il en fut tout autrement pour Matt Damon. Ce dernier, choisi pour incarner James Ryan, a été exempté du célèbre « boot camp » censé plonger le casting dans la réalité physique et psychologique de la Seconde Guerre mondiale.
L’isolement de Matt Damon : stratégie signée Spielberg
Pourquoi cette différence de traitement ? La réponse, inattendue mais malicieuse, vient directement du réalisateur lui-même. Selon les confidences de Damon lors d’une interview en 2023 pour GQ, Spielberg a sciemment isolé l’acteur du reste du groupe afin de reproduire à l’écran une tension authentique : « [Spielberg] made me not go to boot camp so that the other guys would resent me… Steven purposefully kept me away from them. ». L’objectif : accentuer la frustration ressentie par les soldats envoyés sauver ce frère d’armes qu’ils ne connaissent pas et dont ils jalousent presque la « chance ».
L’enfer physique pour les autres acteurs
La préparation, dirigée par le Marine expérimenté Dale Dye, s’est révélée impitoyable : six jours éprouvants de régime alimentaire spartiate et d’exercices intensifs. Pour certains comédiens, cette immersion restera l’une des pires expériences vécues sur un plateau. C’est ce qu’affirmait notamment Edward Burns, évoquant un quotidien rythmé par l’épuisement, la boue et même quelques humiliations verbales – Dye n’hésitant pas à traiter ses stagiaires de « turds ». Malgré tout, ce passage obligé permit au groupe de forger des liens solides… dont Damon resta volontairement exclu.
Voici, pour mieux comprendre la nature du stage :
- Période : Six jours intenses (contre quatre mois pour un vrai entraînement).
- Méthodes : Rations restreintes, exercices physiques quotidiens et esprit d’équipe forcé.
- Sensation : Certains acteurs parlent d’un véritable traumatisme physique et mental.
L’expérience derrière le succès critique
Il est intéressant de noter que si Spielberg lui-même s’est épargné toute contrainte (« You can volunteer yourself out of difficult details. »), c’est bien ce dispositif immersif qui a permis au film d’être nommé à 11 Oscars et de rafler plusieurs statuettes majeures. Quant à Matt Damon, bien que dispensé du « boot camp », il dut recevoir quelques instructions militaires essentielles – notamment pour manipuler son arme ou répondre aux ordres avec crédibilité.
L’histoire du tournage révèle autant que le film lui-même : derrière l’intensité dramatique de Il faut sauver le soldat Ryan, se cachait un savant dosage d’inégalités et d’ingénierie émotionnelle orchestrées par Spielberg – pour mieux servir la force du récit.