MWC 2012 : NVIDIA nous livre les enjeux de son processeur Tegra 3 quad core
Officiellement annoncé en novembre 2011, le Tegra 3 compte bien donner cette année une nouvelle impulsion aux performances des processeurs sur supports mobiles en emboitant le pas à la concurrence.
Alors que le constructeur coréen HTC vient d’annoncer le ralliement du One X parmi les « superphones » équipés du Tegra 3, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec Luciano Alibrandi, directeur de la communication Nvidia au Mobile World Congress de Barcelone.
Cinq smartphones dévoilés lors du Mobile World Congress consacrent l’avènement du quad-core comme référence en matière de puissance et performances graphiques : l’HTC One X, l’Transformer infinity, pad série 300 et Eee Pad d’Asus.
“L’année du téléphone quatre cœurs a vraiment démarré“, affirmait récemment Michael Rayfield, Directeur Général de l’activité mobile chez NVIDIA. “Mais, on peut aller encore plus loin que 4 cœurs. Avec Tegra 3, nous avons construit un processeur doté d’une architecture quatre cœurs ” 4 plus 1″ afin de bénéficier d’une autonomie appréciable et de performances quand le besoin s’en fait sentir“.
« It’s never good enough »
L’ambition affichée d’Nvidia consiste à offrir sur supports mobiles des performances de jeu digne des consoles de salon. Fidèle à la devise « it’s never good enough », Luciano Alibrandi nous explique que l’enjeu d’un tel secteur d’innovation consiste à collaborer avec les développeurs pour leur offrir toujours plus de puissance et contourner les limites de la miniaturisation. En somme, l’hardware ne saurait évoluer sans structurer de solides passerelles avec les bâtisseurs du software.
Pour se donner les moyens de son ambition de leadership du chip le concepteur a mis au point une architecture spécifique au Tegra 3 composé de 4 cœurs cadencés à 1,3 Ghz lorsqu’ils fonctionnent de concert (1,4Ghz isolément) et 1 cœur servant de module de soutien à 1,5Ghz pour des tâches moins gourmandes en ressources. Cette technologie initialement été désignée en tant que variable de multitraitement symétrique à « noyau compagnon » ou « noyau ninja ». Juste avant que ne débute le MWC 2012 le nom de ce dispositif de multiprocesseurs complémentaires a été déposé par Nvidia sous l’appellation “4-PLUS-1“.
Sur le papier, le Tegra tourne officiellement jusqu’à 1,5 GHz avec une architecture de processeur quatre cœurs “4 plus 1” et un GPU GeForce à 12 cœurs permettant la prise en charge de la 3D stéréoscopique. Testée sur place avec les lunettes 3D Vision 2 sur le nez et une tablette Transformer branchée sur téléviseur, le résultat est sympathique, pour ne pas dire anecdotique, comme bien souvent en matière de jeu vidéo « shampooiné » 3D (si ce n’est la dynamique des couleurs revue à la hausse grâce à la technologie LightBoost). Par ailleurs le Tegra 3 propulse de nouveaux moteurs vidéo avec la prise en charge de la vidéo High Profile 1080p à 40 Mbps
Le ninja protecteur de batterie
Mais le véritable défi relevé par Nvidia consiste à offrir à la fois puissance et autonomie. Alors que les utilisateurs, sans être gamers, sollicitent de plus en plus la batterie de leurs appareils mobiles, les constructeurs doivent s’assurer de pouvoir offrir une durée de cycle batterie raisonnable. C’est dans cette perspective que Nvidia a configuré le Tegra 3 pour qu’il n’active les 4 cœurs qu’en cas de forte sollicitation. Luciano Alibrandi nous précise que ce cas de figure se présente principalement lors des phases de jeu. Pour le reste, le cœur compagnon devrait assurer la gestion des tâches courantes à lui tout seul, y compris la vidéo.
À la question de savoir quels avantages pourrait alors offrir un tel dispositif pour les non-gamers, Luciano Alibrandi envisage un usage multitasking intensif par l’utilisation de plusieurs services simultanés tels que la géolocalisation, le téléchargement multiple d’applications et des interfaces enrichies avec des contenus en haute définition. De nouvelles perspectives pourraient ainsi se dessiner en termes de navigation mobile, toujours plus graphique et performante.
Pour les plus bidouilleurs d’entre nous sachez que le Tegra 3 assurera la répartition de ses performances de manière totalement automatisée. Aucune solution de gestion manuelle n’est prévue et les logicielles devraient tout au plus afficher un compteur des ressources utilisées par le processeur à titre informatif.
L’acquisition stratégique d’Icera
Indéniablement puissant et potentiellement peu énergivore le Tegra 3 reste dépendant du développement software mais aussi, pour garantir une expérience utilisateur optimale, d’une connexion appropriée pour les joueurs sur support mobile.
Nvidia, conscient de cet enjeu pour le développement du jeu multiplayer, a fait l’acquisition d’Icera, une société anglaise spécialisée dans la fabrication de modem LTE (technologie de réseaux mobiles 4G). L’objectif à terme est d’associer la technologie d’Icera avec le Tegra pour permettre d’élargir les perspectives de jeu au travers d’un réseau LTE. Les chipsets NVIDIA Icera à modem logiciel intégré doivent permettre d’offrir “des moteurs de communication hautes performances pour les dispositifs cellulaires“ et rendre les appareils “plus compacts, rapides et accessibles“.
Un marché émergent en parallèle au gaming console et desktop
Luciano Alibrandi reste prudent par rapport à l’avènement d’une nouvelle génération de supports de jeu. “Nous concevrons toujours des produits destinés à des gamers hardcore pour qui le plaisir de jeu passe par des ordinateurs, un clavier et une souris“. En revanche il ajoute “Apple se souciait peu il y a pas si longtemps des performances de jeu offertes par ses appareils et de son offre sur l’App Store. Aujourd’hui on les sent beaucoup plus sensibles“.
Mais à la question de savoir s’il présage une convergence des consoles vers plus de mobilité, quitte à brancher sa tablette sur un téléviseur par HDMI pour jouer sur un support unique, il répond par la négative. Les micro-applications à coût réduit et grand nombre de téléchargements, resteront le fer de lance d’un business model solide qui alimente les revenus des fournisseurs d’OS et développeurs de jeu. Ce marché restera selon lui séparé du gaming sur ordinateur desktop et consoles, sans portabilité.
Force tranquille face aux évolutions du marché
Cependant le gaming mobile va s’enrichir considérablement au fil des innovations dont le rythme va en s’accélérant. Une accélération revendiquée par Nvidia qui raccourcirait ses délais d’innovation sensibles sur mobile à 6 mois de temps. À ce rythme, il ne faut pas s’étonner que le projet de Tegra 4 « Wayne » (en hommage à Bruce) fasse déjà parler de lui alors que « Kal-El » (Superman) commence tout juste à équiper le marché actuel. Les rumeurs feraient courir une nouvelle architecture réduite gravée en 28nm par rapport aux 40nm du Tegra 3, capable exécuter plusieurs cœurs Cortex-A15 alors que le Tegra 3 utilise encore des Cortex-A9. Au delà d’un gain de puissance il s’agirait de pouvoir optimiser l’utilisation de modem LTE pour des connexions 4G notamment en ayant recours à la technologie de Licera.
Peu préoccupée par la concurrence, Luciano Alibrandi nous invite à observer les avancées graphiques proposées par les nouveaux mobiles équipés du Tegra 3 alors que « Qualcom se contente encore de promettre des équivalents sur des slides de powerpoint » (rires). Et lorsque l’on envisage les spécifications possibles du Galaxy S3, le directeur de communication préfère botter en touche : « Nvidia aime tout le monde et nous sommes prêts à collaborer avec chaque constructeur, mais Samsung que nous avions équipé avec le Tegra 2, développe de plus en plus ses propres composants ».
Pour finir ce tour d’horizon prospectif d’Nvidi placée sous le signe de « l’année quadcore des superphones », nous vous proposons quelques séquences de jeux vidéo tournant sous Tegra 3 :