Les raisons derrière les libertés prises par Monster de Netflix sur l’histoire vraie d’Ed Gein

Image d'illustration. Monster Ed GeinNetflix / PR-ADN
La série "Monster" diffusée sur Netflix s’inspire de l’histoire d’Ed Gein, un criminel tristement célèbre, mais adapte certains éléments réels pour des raisons narratives. Ce choix suscite des interrogations sur la fidélité au fait divers original.
Tl;dr
- La série « Monster » réinterprète l’histoire d’Ed Gein.
- Des faits sont modifiés pour plus d’empathie et d’exactitude.
- La fiction s’écarte des films « Psycho » et « Massacre à la tronçonneuse ».
Une relecture sensible du parcours d’Ed Gein
Dans l’univers des tueurs en série américains, rares sont les figures qui fascinent autant que Ed Gein. Si son histoire a nourri l’imaginaire collectif, c’est avant tout grâce à deux monuments du cinéma d’horreur : « Psycho » d’Alfred Hitchcock et « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hooper. Pourtant, ces œuvres, devenues cultes, ne se voulaient pas des reflets fidèles des crimes de Gein : elles s’inspiraient librement du monstre forgé par la solitude, la violence familiale et l’abandon social.
Des choix narratifs assumés dans « Monster: The Ed Gein Story »
C’est dans ce sillage que s’inscrit la nouvelle saison de la série « Monster » pilotée par Ryan Murphy sur Netflix. Après avoir exploré les figures de Jeffrey Dahmer et des frères Menendez, la production a choisi de revisiter le parcours de Gein, non sans prendre ses distances avec le récit habituel. Le showrunner Max Winkler, héritier d’une illustre lignée télévisuelle, a expliqué avoir opéré des modifications notables. Selon lui, le portrait traditionnel du tueur manquait cruellement d’empathie et véhiculait parfois des erreurs historiques. Ce parti pris a conduit l’équipe à réattribuer certains faits à Gein, comme le meurtre non élucidé d’Evelyn Hartley, en s’appuyant sur des recherches jugées « irréfutables » — bien que les techniques d’enquête de l’époque restent sujettes à caution.
L’humanisation d’un personnage longtemps déshumanisé
La construction narrative ne s’arrête pas là. Face à la difficulté de rendre crédible un personnage aussi isolé, Winkler et ses auteurs ont choisi d’élargir le rôle d’Adeline Watkins, interprétée par Suzanna Son. S’appuyant sur le lien ambigu qui a pu exister entre Gein et cette femme, la série se permet de développer une relation qui, tout en restant en partie fictive, cherche à offrir au protagoniste une dimension plus humaine. L’actrice, repérée dans « Red Rocket », incarne ainsi un point d’appui pour explorer les zones d’ombre du tueur.
Quand la fiction prend le pas sur la réalité
Il serait tentant de croire que ces choix relèvent du simple opportunisme scénaristique. Mais, à bien y regarder, ils posent une question cruciale : comment représenter un individu brisé dès l’enfance, victime de sévices et de troubles psychiques ? La série, sans éluder l’horreur, rappelle que Gein fut aussi un « produit de monstres ». Ainsi, derrière le mythe façonné par le cinéma, le spectateur découvre une réalité plus nuancée — parfois dérangeante — qui invite à repenser les frontières entre vérité et fiction.