L’adaptation Lovecraft ratée de Guillermo del Toro

Malgré l’imagination foisonnante de Guillermo Del Toro, son projet rêvé dans le genre de l’horreur semble voué à rester dans les limbes. Plusieurs obstacles entravent en effet la concrétisation de ce film tant attendu par ses fans.

Un rêve inachevé pour Guillermo del Toro

Pendant des années, les projets non réalisés de Guillermo del Toro ont nourri l’imaginaire des cinéphiles. Parmi eux, son adaptation ambitieuse de la célèbre nouvelle de H.P. Lovecraft, At the Mountains of Madness, trônait au sommet de cette liste mythique. Longtemps attendue, cette production promettait de conjuguer les obsessions du réalisateur mexicain — créatures monstrueuses, horreur atypique et exploration des liens complexes entre les hommes et leurs créations — à l’atmosphère glaciaire de l’Antarctique imaginée par Lovecraft en 1936.

Un projet contrarié par Hollywood

Mais l’enthousiasme initial s’est rapidement heurté à la réalité du système hollywoodien. L’annonce d’une superproduction menée par Guillermo del Toro en 2010 avait pourtant déclenché une vague d’excitation chez ses fans. Hélas, les studios ont vite freiné des quatre fers : le film était jugé trop sombre, doté d’une fin résolument pessimiste — autant d’éléments jugés risqués face au grand public. Il faut dire que la sortie quasi-simultanée du Prometheus de Ridley Scott, aux thématiques proches, n’a rien arrangé. Quant à del Toro lui-même, il n’est plus certain aujourd’hui d’avoir envie de s’y consacrer.

L’héritage laissé en suspens

Certains observateurs, comme le créateur YouTube Matt Draper, ont eu accès à un script rédigé avec Matthew Robbins. Ils pointent une tonalité finalement plus proche du The Thing de John Carpenter que de Lovecraft lui-même : davantage orientée vers le spectaculaire que vers l’étrange et le dérangeant. Difficile donc de savoir si ce projet aurait véritablement honoré l’œuvre originale.

À ce jour, Guillermo del Toro se montre lucide sur son parcours : après avoir enfin pu réaliser son autre « serpent de mer », Frankenstein, il considère avoir bouclé un cycle créatif entamé avec Cronos, puis poursuivi avec des films majeurs comme Le Labyrinthe de Pan ou Crimson Peak. Selon ses propres mots : « Ce film clôt le cycle… Et pour être honnête, je ne sais pas si j’ai envie de faire At the Mountains of Madness après ça. »

L’espoir d’une version différente ?

Toutefois, rien n’est figé. Si un jour l’envie revenait, Guillermo del Toro envisage désormais une approche plus intime : selon ses confidences à Fangoria en 2021, ce pourrait être un film « plus ésotérique, plus étrange, plus modeste ». Une direction qui intrigue et laisse la porte ouverte à toutes les surprises…