Guillermo Del Toro révèle que quatre de ses anciens films s’inspirent du mythe de Frankenstein

Image d'illustration. FrankensteinNetflix / PR-ADN
Pour Guillermo Del Toro, quatre de ses films réalisés par le passé peuvent être considérés comme des variations autour du mythe de Frankenstein, une révélation qui met en lumière l’influence durable de ce classique sur sa filmographie.
Tl;dr
- Del Toro revisite « Frankenstein » dans quatre de ses films.
- Science, rejet et filiation au cœur de sa filmographie.
- Son « Frankenstein » est désormais visible sur Netflix.
Des monstres incompris aux liens familiaux tourmentés
Si l’on se penche sur la carrière de Guillermo del Toro, une évidence s’impose : les figures de l’outsider, du « monstre » rejeté par la société et des relations père-fils complexes irriguent toute son œuvre. Dès ses débuts avec « Cronos », ce cinéaste mexicain façonne un univers où chaque créature, chaque marginal, renvoie à l’héritage de « Frankenstein ». Même avant de réaliser enfin son adaptation rêvée du roman de Mary Shelley, del Toro revisitait déjà ces thèmes obsessionnels.
Expérimentations scientifiques et conséquences imprévues
Dès son premier film, « Cronos », le réalisateur pose les bases d’une réflexion sur la quête d’immortalité. Le personnage de Jesús Gris, vieil homme transformé en vampire par un étrange dispositif mécanique – invention d’un alchimiste obsédé par la vie éternelle – évoque ouvertement la tragédie du monstre de Frankenstein. Cette allusion est soulignée par une cicatrice frontale, comme chez la créature incarnée par Boris Karloff. Plus tard, dans « Mimic », c’est à travers la manipulation génétique que le mythe se réinvente. La biologiste Susan Tyler crée une nouvelle espèce d’insectes pour lutter contre une épidémie… Mais très vite, le remède se mue en menace : ces créatures évoluent hors de tout contrôle dans les égouts new-yorkais. L’expérience malheureuse sur le plateau – marquée par des tensions avec les frères Weinstein – renforcera le sentiment d’inachèvement du film, malgré une version director’s cut sortie des années après.
Autre variation, « Blade II » revisite aussi le motif du scientifique fou : le vampire Nomak n’est autre que le fruit d’expériences menées par son propre père, Eli Damaskinos. Le schéma père-créature se répète inlassablement. D’ailleurs, plusieurs scènes rappellent sans détour l’ambiguïté morale fondamentale chère à del Toro : qui est réellement le monstre ?
L’héritage « Frankenstein » jusque dans Hellboy
La figure du héros mal-aimé trouve son apogée avec « Hellboy ». Sous la direction de del Toro, ce personnage de comics créé par Mike Mignola devient un véritable double du monstre shelleyen : condamné à la marginalité malgré sa bonté naturelle, déchiré entre sa nature démoniaque et l’affection paternelle reçue du professeur Broom. Contrairement aux bandes dessinées où Hellboy demeure une star médiatique distante, mais tolérée, del Toro privilégie l’intime et le tourment intérieur. Les relations filiales restent centrales et aboutissent à des scènes poignantes d’incompréhension ou de réconfort.
Notons pour clarifier ce fil rouge :
- Pain de l’exclusion sociale
- Dilemme moral scientifique
- Quête identitaire face au regard parental
Un aboutissement personnel désormais accessible à tous
Avec sa version personnelle de « Frankenstein », aujourd’hui disponible sur Netflix, Guillermo del Toro pousse encore plus loin cette interrogation existentielle autour du rejet et de la quête d’acceptation. Dans cette adaptation attendue, il offre à la créature (incarnée par Jacob Elordi) un destin teinté d’une forme nouvelle d’espoir : celui du choix personnel face à une condition imposée. Un message universel pour quiconque s’est déjà senti outsider — ou monstre — dans son propre monde.