Gene Roddenberry imposait une règle incontournable aux effets spéciaux de Star Trek : Le Film

Lors de la production de Star Trek: The Motion Picture, Gene Roddenberry a fixé une directive précise concernant les effets spéciaux du film, influençant ainsi leur conception et leur intégration à l’univers visuel de la saga culte.

Un nouvel horizon pour « Star Trek » au cinéma

Lorsqu’en 1979, Paramount sort « Star Trek: The Motion Picture », l’ambition est claire : donner à la franchise une dimension inédite, tant par ses effets spéciaux que par sa mise en scène. Jamais auparavant l’U.S.S. Enterprise n’avait été filmé avec une telle majesté. Les longs plans contemplatifs où Kirk et Scotty, incarné par James Doohan, survolent le vaisseau témoignent d’une volonté d’offrir au public un véritable spectacle spatial, loin des décors en carton-pâte de la série d’origine.

L’après-« Star Wars » : résistance et singularité

Difficile, cependant, de ne pas comparer cette sortie à celle de « Star Wars », qui avait deux ans plus tôt révolutionné les standards du genre avec ses effets visuels. À l’époque, Michael Eisner, alors dirigeant chez Paramount, exprimait déjà le besoin de rivaliser visuellement avec le mastodonte créé par George Lucas. Pourtant, pour les fans et les créateurs, l’essentiel restait ailleurs. Contrairement aux archétypes quasi mythologiques de la saga concurrente, les personnages de « Star Trek » demeuraient complexes et ancrés dans un humanisme assumé.

L’humain au cœur du vaisseau spatial

Gene Roddenberry, créateur de la série et du film, insistait d’ailleurs : « Nous essayons d’analyser comment un vaisseau sera exploité au 23e siècle… Les effets spéciaux doivent enrichir le monde, pas prendre le dessus sur l’histoire ». L’objectif était bien d’utiliser les prouesses techniques pour approfondir l’univers utopique de « Star Trek », sans jamais reléguer au second plan les dilemmes moraux ou les rapports entre personnages.

Même le réalisateur, Robert Wise, fort de son expérience sur des classiques tels que « The Day the Earth Stood Still » ou « The Sound of Music », apporta sa pierre à cet édifice singulier : il réécrivit partiellement le scénario pour donner davantage d’épaisseur émotionnelle aux protagonistes. Selon lui : « Il fallait renforcer la chimie entre eux pour rendre tout cela crédible. »

L’héritage d’un film mal compris

Ironie du sort : malgré ses ambitions intellectuelles et artistiques, « The Motion Picture » fut accueilli tièdement par le grand public – jugé parfois trop lent ou cérébral face à la vague des blockbusters spectaculaires. Cependant, pour beaucoup d’admirateurs aujourd’hui encore, il reste sans doute le plus profond et audacieux de la saga cinématographique, un manifeste où les personnages priment sur la pyrotechnie visuelle.

« Star Trek: The Motion Picture » s’affirme comme une œuvre atypique : ambitieuse techniquement, mais résolument fidèle à sa philosophie originelle – celle où l’espace sert avant tout de miroir à nos propres quêtes intérieures.