Fahrenheit 451 : notre avis sur l’adaptation HBO bien tiède de l’oeuvre culte
Sur le papier, tout indiquait que l'adaptation en film de Fahrenheit 451 par HBO allait crever l'écran. Ce n'est malheureusement pas le cas.
Aux côtés d’oeuvres comme Fondation, Le Meilleur des Mondes ou encore 1984 pour n’en citer que quelques-unes, Fahrenheit 451 (1953) est assurément un roman de science-fiction culte ; une source de nombreuses inspirations et qu’il faut avoir lu quand on aime la SF. Aussi, quand la réputée chaîne HBO annonce une adaptation en film portée par deux acteurs bankable très solides (Michael Shannon et Michael B. Jordan), il y a de quoi s’emballer. Déjà porté à l’écran en 1955 par François Truffaut (culte, qu’on vous dit !), le roman de Ray Bradbury a ici été adapté et réalisé par Ramin Bahrani (Chop Shop) qui, malheureusement, déçoit.
Burn it to the ground (pour les fans sûrs de Nickelback)
Dans Fahrenheit 451, nous sommes aux États-Unis dans un futur un brin distant. Dans cette dystopie, les livres sont interdits et les pompiers et leurs lance-flammes sont devenus les gardiens de l’ordre moral de la société et de ses habitants en grande majorité dociles. Ces derniers sont nourris aux actualités officielles diffusées par le gouvernement à travers les médias qui incitent à rester dans le rang et à dénoncer toute activité suspecte. Grosse ambiance donc.
Guy Montag (Michael B. Jordan, également à la production) fait partie de ce corps chargé de détruire la “fausse” culture du passé (qualifiée de “graffitis”) et de chasser les Anguilles, à savoir les quelques personnes qui ne se conforment pas aux directives anti-livres en vigueur. Très zélé, l’homme est sous les ordres du non moins efficace Capitaine Beatty (Michael Shannon) et fait son travail violent sans se poser de questions. Jusqu’au jour où il va croiser la route de Clarisse (Sofia Boutella), une jeune femme qui va changer sa façon de voir le monde.
Livre virgule
Sans surprise, cette adaptation de 2018 a dû moderniser le contenu du livre original (qui évoquait notamment le maccarthysme) pour mieux coller à notre époque. On relèvera ainsi notamment l’ajout de références à des oeuvres récentes ou encore la forte présence des réseaux sociaux, de l’IA et des assistants vocaux.
Mais le film a également opéré des changements du côté du scénario et du propos. Sans rentrer dans les détails histoire de ne pas spoiler, certains personnages et évènements sont assez radicalement différents et cela n’est au final pas vraiment dramatique, mais le changement de fond est en revanche plus gênant.
Comme un air de sous-Black Mirror
En effet, et même si certains sujets comme la rébellion contre un ordre totalitaire établi, la “vérité” et le “bonheur” imposés ou encore la curiosité intellectuelle sont toujours là, en mettant spécialement l’accent sur la dérive de la technologie (bien plus que dans le livre en tout cas d’après les humbles souvenirs de votre serviteur), Fahrenheit 451 lorgne clairement du côté de certains épisodes de Black Mirror et perd ainsi clairement en personnalité, intérêt et impact.
D’autant que le propos, notamment souligné par la présence très envahissante d’assistants façon Google Home dans les foyers, n’est pas toujours très finement amené ou original. L’évolution de certains personnages semble également un peu trop souvent précipitée ou peu crédible durant les 1h30 que dure le film, tandis qu’on s’ennuie malheureusement assez régulièrement. Reste qu’heureusement la réalisation et les costumes/décors proposent de jolies choses, tandis que le casting fait son job à défaut d’égaler ses meilleures performances dans d’autres films.
Fahrenheit 451 : notre avis
“Meh.” Telle est la première chose qui est sortie de mes lèvres après avoir vu Fahrenheit 451. Si le livre m’avait déjà laissé un léger sentiment de trop peu lors de sa lecture il y a quelques années comparé à d’autres oeuvres, le film de HBO fait encore pire. S’il n’oublie heureusement pas totalement de reprendre certains sujets centraux de l’oeuvre de Ray Bradbury toujours d’actualité aujourd’hui, le long-métrage s’attarde en revanche trop sur l’aspect technologique des choses, au détriment du reste qui s’avère tout juste passable, peu mémorable et déjà vu. On en attendait bien plus d’un tel projet et on vous conseillera plutôt de lire le livre.
En France, Fahrenheit 451 est disponible sur OCS.