Droit à l’oubli : Les articles concernés restent accessibles via Google
Si Google a déjà reçu plus de 70 000 demandes via son formulaire, les histoires que certains voulaient enterrer restent pourtant présentes.
Il y a quelques semaines, Google se soumettait à la décision de la cour de justice de l’Union Européenne et mettait en place un formulaire permettant aux internautes de demander la suppression de certains résultats de recherche jugés “inadéquats, pas ou plus pertinents ou excessifs au regard des finalités du traitement.” Après un mois, force est de constater que le formulaire accessible aux Européens a rencontré un franc succès puisque Google indiquait jeudi avoir reçu pas moins de 70 000 demandes depuis le 30 mai 2014.
Rapidement, le déréférencement de nombreux articles avait provoqué une vive levée de boucliers de la part de certains médias qui s’estimaient ainsi censurés injustement. Des médias britanniques tels que la BBC et le Guardian avaient dès lors accusé le géant de l’Internet d’entraver la liberté de la presse, et le Daily Mail avait quant à lui comparé cette nouvelle mesure au fait de “se rendre dans une bibliothèque pour y brûler des livres“, rien que ça. Pourtant, si censure il y a, elle n’est pas si terrible et injuste.
Un effet Streisand voulu par Google ?
En réalité, lorsqu’une demande de droit à l’oubli est acceptée par Google, ce dernier ne supprime les articles visés que lorsque le nom de la personne concernée est saisi dans les termes d’une recherche, et cela uniquement sur les versions européennes du moteur de recherche. De fait, la censure effectuée par Google est très limitée et permet toujours de retrouver certains articles que l’on pensait disparus. Par exemple, si vous souhaitez retrouver les articles bloqués concernant Dougie McDonald, l’arbitre écossais qui avait avoué avoir menti pour justifier un penalty en 2010, il vous suffit justement de rechercher “l’arbitre écossais qui avait menti” et vous aurez un accès libre à des articles désormais introuvables en cherchant juste “Dougie McDonald”.
Finalement, si vous aviez atteint un certain pic de célébrité non désirée et que vous aviez prévu de faire retirer un lien vous concernant sur le moteur de recherche, peut-être devriez vous attendre un peu avant de passer à l’acte. En effet, depuis la création de son formulaire de droit à l’oubli, c’est un véritable effet Streisand qui s’est abattu sur les internautes, remettant nettement en avant des histoires pourtant quasiment oubliées depuis plusieurs années. Un effet que de nombreuses personnes pensent voulu par Google, à l’instar de Kevin Drum, journaliste de Mother Jones, qui se demande si la “réaction étonnamment rapide de Google à la décision de l’Union Européenne n’avait pas précisément pour objectif de causer exactement ce genre de retour de baton“.