Comment Liam Neeson a pris la place de Daniel Day-Lewis dans « Silence » de Scorsese

Image d'illustration. SilenceCappa Defina Productions / PR-ADN
Dans le film "Silence" réalisé par Martin Scorsese, Liam Neeson occupe un rôle initialement attribué à Daniel Day-Lewis. Ce changement de casting s’est imposé durant la préparation du long-métrage, bouleversant la distribution envisagée par le cinéaste.
Tl;dr
- Le film Silence de Scorsese a connu un changement majeur de casting.
- Liam Neeson a remplacé Daniel Day-Lewis dans le film.
- Les deux acteurs se sont déjà remplacés auparavant.
Une œuvre de foi et de patience pour Martin Scorsese
Derrière chaque grand film, il y a souvent une histoire d’attente et de passion. Pour Martin Scorsese, la réalisation de « Silence » s’apparente à un long cheminement spirituel et artistique. Si l’on associe naturellement le réalisateur new-yorkais à ses fresques criminelles, une autre dimension traverse son œuvre : la religion. Du Bronx de « Mean Streets » aux tourments intimes de « Raging Bull » ou « Goodfellas », ses personnages sont fréquemment tiraillés entre morale, culpabilité et recherche du salut. Toutefois, certaines créations s’aventurent plus frontalement sur le terrain de la spiritualité : « The Last Temptation of Christ », « Kundun »… et, donc, ce fameux « Silence ».
Un casting bouleversé par les aléas du temps
Adapté du roman éponyme de Shūsaku Endō, publié en 1966, « Silence » transporte le spectateur dans le Japon du XVIIe siècle. Deux prêtres jésuites portugais, incarnés à l’écran par Andrew Garfield et Adam Driver, traversent l’Asie à la recherche de leur mentor perdu, Cristóvão Ferreira. Or, peu savent que ce rôle majeur devait initialement revenir à un autre géant : Daniel Day-Lewis. Au fil des années 2000, alors que Scorsese peaufine d’autres projets (« Shutter Island », « Hugo », puis l’explosif « The Wolf of Wall Street »), plusieurs acteurs gravitent autour du scénario : Gael García Bernal, Benicio del Toro… Mais le développement du film s’enlise.
C’est ainsi que Day-Lewis finit par quitter l’aventure. Le projet prendra près de trente ans à voir le jour. Lorsque enfin la production démarre réellement, c’est finalement Liam Neeson qui endosse la soutane du père Ferreira, tandis que Garfield et Driver donnent toute leur intensité aux jeunes missionnaires — une manière aussi pour eux d’élargir leur registre après les blockbusters « Spider-Man » et « Star Wars ».
L’étonnant jeu des chaises musicales entre Neeson et Day-Lewis
Ce n’est pas la première fois que les chemins des deux comédiens se croisent ou se remplacent mutuellement au fil des grands films hollywoodiens. À titre d’exemple, lors de la gestation du biopic « Lincoln » réalisé par Steven Spielberg, c’est d’abord Neeson qui était pressenti pour incarner le président américain. Pourtant, estimant avoir passé l’âge requis lorsque le tournage s’est concrétisé, il a laissé sa place à Day-Lewis — lequel raflera son troisième Oscar grâce à cette performance habitée.
On notera d’ailleurs que leurs carrières n’ont cessé de s’entremêler : Neeson avait déjà brillé chez Spielberg dans « Schindler’s List », tandis que lui et Day-Lewis partageaient l’affiche dans « Gangs of New York » sous la direction… de Scorsese lui-même.
Permanence des convictions et force du hasard
Si certains spectateurs auraient rêvé découvrir le trio original (Bernal – del Toro – Day-Lewis), il faut reconnaître que les choix finaux insufflent au film une énergie brute remarquable. Les hasards du calendrier et les remplacements successifs n’auront fait qu’ajouter une touche singulière au parcours tortueux de ce projet porté avec ferveur par Scorsese — comme si l’œuvre elle-même interrogeait la notion même de destinée au cinéma.