Comment « Avatar : La Voie de l’eau » a poussé James Cameron à lâcher prise
Image d'illustration. Avatar20th Century Fox / PR-ADN
La réalisation d’Avatar : La Voie de l’eau a poussé James Cameron à revoir son approche sur les plateaux. Le cinéaste, connu pour son exigence, a dû adapter sa méthode face aux défis techniques du film.
Tl;dr
- Cameron, ex-tyran des plateaux, a changé d’approche.
- La réalisation sous l’eau exige désormais calme et zen.
- Des performances extrêmes sur « The Way of Water ».
Un réalisateur autrefois tyrannique
Longtemps associé à l’image du chef impitoyable, James Cameron s’est taillé une réputation de véritable « dictateur de plateau ». On se souvient de ses colères mythiques, dignes de généraux d’une autre époque, imposant une discipline de fer et peu enclin à tolérer la moindre remise en question. D’ailleurs, il reconnaissait lui-même avoir été un « tinpot dictator ». Des anecdotes telles que le cri furieux de Mary Elizabeth Mastrantonio sur le tournage de « The Abyss » – « We are not animals ! » – ou les incidents subis par Ed Harris, illustrent cette exigence extrême où perfectionnisme rime avec tension permanente.
L’exigence repoussée jusqu’aux limites humaines
Pourtant, ce n’est pas seulement la quête du détail parfait qui caractérise la méthode Cameron, mais bien la volonté constante d’accomplir l’impossible. À plusieurs reprises, il a défié les contraintes techniques et budgétaires pour livrer des blockbusters parmi les plus rentables du cinéma. Lors du tournage de « The Way of Water », cette ambition atteint un sommet : le casting doit non seulement retenir son souffle plusieurs minutes sous l’eau, mais aussi multiplier les prises dans des conditions éprouvantes physiquement.
Les membres de l’équipe, parfois capables comme Kate Winslet de véritables exploits apnéiques, n’avaient qu’une fenêtre minuscule — deux à trois minutes par prise — pour jouer leurs scènes aquatiques. Or, contrairement à une légende persistante, rester immobile sous l’eau et y évoluer activement sont deux défis distincts. Dès lors, chaque instant comptait et la moindre erreur pouvait compromettre un travail colossal.
L’art du zen : une révolution sur le plateau
Mais voilà : face à ces défis inédits, Cameron a dû se réinventer. Dans le documentaire « Fire and Water: Making the Avatar Films », diffusé sur Disney+, il confie avoir adopté une posture radicalement opposée à ses anciennes habitudes : « You gotta be very, very calm », explique-t-il. Avant chaque plongée, c’est sa voix posée qui guide toute l’équipe via le système audio ; la moindre tension pourrait faire échouer la prise en accélérant le rythme cardiaque des acteurs.
Cette nouvelle philosophie tranche singulièrement avec ses débuts tonitruants : au point qu’il admet aujourd’hui — non sans autodérision — que ses éclats d’autrefois auraient vidé les poumons de ses comédiens bien avant la fin des scènes clés !
Pousser les limites… mais autrement
À ceux qui pensaient le réalisateur incorrigible, cette mue impose le respect. Si la rigueur demeure chez Cameron, elle s’accompagne désormais d’un calme indispensable aux prouesses techniques requises par « The Way of Water ». Ironie du sort : là où autrefois il menaçait de clouer au mur tout portable dérangeant une prise – un clin d’œil mordant à ses vieilles méthodes –, il cultive aujourd’hui un zen absolu. Preuve que même les titans d’Hollywood peuvent évoluer… sous pression.