Christopher Nolan recommande la traduction de L’Odyssée à lire avant de voir le film

Image d'illustration. The Odyssey Tom HollandUniversal Pictures / PR-ADN
Avant la sortie de son prochain film, Christopher Nolan a recommandé une traduction spécifique de L’Odyssée à découvrir. Ce choix attire l’attention sur l’influence que ce classique et sa version traduite pourraient exercer sur le nouveau projet du réalisateur.
Tl;dr
- Nolan cité la traduction d’Emily Wilson, polémique immédiate.
- Wilson accusée de « simplifier » et moderniser L’Odyssée.
- Sa version privilégie clarté et oralité, débat relancé.
Nolan face à la tempête autour de la traduction d’Emily Wilson
Le prochain film de Christopher Nolan, adaptation attendue de l’Odyssée, suscite déjà un vif débat bien avant même la sortie du premier teaser. Si le réalisateur britannique a habitué le public à des récits aux frontières du réel — pensons à « Interstellar » ou « Memento » —, ce choix d’un récit antique et mythologique n’en demeure pas moins surprenant. Toutefois, il y a une certaine logique à voir Nolan s’emparer de l’histoire d’un homme tourmenté, séparé de sa famille, personnage récurrent dans sa filmographie.
Une citation, des malentendus et une déferlante sur les réseaux sociaux
C’est une simple mention lors d’une interview pour Empire Magazine qui a mis le feu aux poudres. L’éphémère publication sur les réseaux sociaux par le rédacteur en chef Nick de Semlyen indiquait que Nolan avait « cité (et même repris une phrase) de la traduction d’Emily Wilson ». Très vite, une partie d’internet y a vu un soutien affiché à cette version moderne du texte grec — interprétation que De Semlyen a rapidement corrigée : « Juste pour clarifier, il n’a pas dit que c’était sa préférée — il l’a simplement citée en parlant du personnage d’Ulysse… »
Les réactions n’ont pas tardé : entre moqueries virales sur X (anciennement Twitter) et envolées sur la supposée orientation idéologique de cette traduction, l’adaptation cinématographique s’est retrouvée, bien malgré elle, plongée dans les débats culturels contemporains.
L’Odyssée revisitée : clarté contre tradition ?
Pourquoi tant de bruit autour du choix d’Emily Wilson ? Sa traduction est souvent jugée trop moderne, voire « woke », ses détracteurs lui reprochant de dépeindre Ulysse comme un « homme compliqué » plutôt qu’un héros épique. Le style plus direct de Wilson tranche avec celui de ses prédécesseurs ; elle opte pour la limpidité là où d’autres visaient la grandiloquence. En réaction à ces critiques, certains spécialistes rappellent pourtant que chaque traduction reflète son époque et ses préjugés. Les choix passés — comme minimiser la réalité des esclaves dans l’œuvre originale — étaient tout sauf neutres.
Voici ce qui cristallise particulièrement les débats :
- Description nuancée d’Ulysse dès le premier vers.
- Simplicité stylistique opposée à la complexité attendue.
- Mise en avant des aspects sombres du héros.
Derrière la polémique : une fidélité à l’esprit oral du texte
Fait rarement évoqué : Wilson assume que l’Odyssée, avant tout poème destiné à être conté à voix haute devant un auditoire grec antique, ne devait pas paraître archaïque pour ses premiers auditeurs. Sa version suit scrupuleusement le nombre de vers original, favorise la fluidité orale et renoue ainsi avec l’énergie du récit transmis par les bardes itinérants.
Chaque traducteur doit choisir entre fidélité littérale ou adaptation vivante. Selon le mot juste d’un poète-classiciste cité par le New Yorker : « Toute traduction est un compromis, même une excellente. » Au final, loin des batailles idéologiques en ligne, il s’agit avant tout pour Christopher Nolan — et son public — d’interroger leur propre rapport au mythe fondateur.