Le chiffrement dans le collimateur de la France et l’Allemagne
La lutte contre le terrorisme passe aussi par la fin du chiffrement de certaines applications de messagerie selon B. Cazeneuve. Avec son homologue allemand, le ministre de l’Intérieur en appelle à l’Europe.
Le chiffrement de certaines applications de messagerie est de plus en plus pointé du doigt dans la lutte contre le terrorisme. Selon Bernard Cazeneuve, ces messageries doivent coopérer avec les autorités qui se retrouvent trop souvent devant des messages cryptés lors d’enquêtes concernant le terrorisme. Avec son homologue allemand ils ont hier appelé à une « initiative européenne ».
Cazeneuve et son homologue allemand s’attaque au chiffrement
Dans leur plan de lutte contre le terrorisme en Europe, les ministres de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et Thomas de Maizière, son homologue allemand ont, hier, présenté une initiative concernant les applications de messagerie chiffrées. Ils souhaitent que leurs éditeurs soient soumis aux mêmes règles que les opérateurs télécoms européens en ce qui concerne les exigences des autorités dans le cadre des enquêtes antiterroristes.
« Les échanges de plus en plus systématiques opérés via certaines applications, telles que Telegram, doivent pouvoir, dans le cadre des procédures judiciaires, être identifiés et utilisés comme des éléments de preuve par les services d’investigations et les magistrats », expliquait ainsi le ministre de l’Intérieur français. M Cazeneuve souhaite vivement « armer véritablement nos démocraties sur la question du chiffrement ».
Une initiative dangereuse
Cependant, affaiblir la sécurité des échanges cryptés en créant une porte dérobée qui permettrait de contourner le système de sécurité afin de pouvoir lire le contenu des messages chiffrés n’est certainement pas la solution adaptée selon l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi).
« Il est techniquement impossible d’assurer que ce dispositif ne bénéficiera qu’aux personnes autorisées », indiquait le directeur général de l’Anssi, Guillaume Poupard. Il ajoutait : « L’ensemble des experts, dont ceux de l’Anssi, s’accordent sur le fait que l’affaiblissement des mécanismes cryptographiques ou bien l’introduction volontaire de mécanismes de contournement sont systématiquement susceptibles d’être exploités par des attaquants aux profils variés ».