Ce film d’horreur coréen méconnu vaut le détour (à l’inverse de son remake américain)

Image d'illustration. A Tale of Two SistersB.O.M. Film Productions / PR-ADN
Passé relativement inaperçu lors de sa sortie, ce film d’horreur coréen s’est imposé comme une référence auprès des amateurs du genre. Sa version américaine, en revanche, n’a pas su capturer l’essence ni la force de l’original.
Tl;dr
- Le cinéma d’horreur asiatique innove et fascine.
- A Tale of Two Sisters : chef-d’œuvre coréen, trop peu connu.
- Son remake américain simplifie et dénature l’original.
L’essor de l’horreur asiatique, une référence internationale
Au fil des années, le cinéma asiatique s’est imposé comme un vivier d’innovations dans le genre horrifique. Si Hollywood domine encore les écrans mondiaux, il serait réducteur d’ignorer l’influence considérable de films venus du Japon, de Thaïlande ou de Corée du Sud. Des œuvres telles que Ringu, Ju-On ou encore le percutant Shutter, ont redéfini les codes, mariant frayeurs surnaturelles et atmosphères anxiogènes.
A Tale of Two Sisters, une tragédie psychologique unique
Parmi cette nouvelle vague, un titre continue pourtant de passer sous le radar du grand public occidental : A Tale of Two Sisters, réalisé par Kim Jee-woon. Sorti en 2003 et inspiré d’un conte du Joseon, ce film suit la difficile réintégration de Su-mi (incarnée par Im Soo-jung) après un séjour en institution psychiatrique. Accompagnée de sa jeune sœur Su-yeon (Moon Geun-young), elle retrouve leur demeure familiale, désormais sous la coupe glaciale d’une belle-mère incarnée par Yum Jung-ah. Très vite, les événements inexplicables s’accumulent dans cette maison isolée, plongeant les deux sœurs dans une spirale où la frontière entre réalité et cauchemar se brouille.
Ce qui distingue réellement ce film ? Sa construction patiente et son ambiance oppressante. Loin des frayeurs faciles, Kim Jee-woon privilégie le trouble psychologique : ici, la terreur naît avant tout du poids du deuil, de la culpabilité et des souvenirs refoulés. À ce titre, les multiples rebondissements du récit n’en deviennent que plus poignants.
Une adaptation américaine édulcorée : le cas The Uninvited
Hollywood n’a pas tardé à s’intéresser à ce succès. Pourtant, l’adaptation américaine sortie sous le nom de The Uninvited en 2009 peine à retrouver la force émotionnelle de l’original. Le réalisateur opte pour une intrigue balisée : Anna (Emily Browning) revient d’une clinique pour retrouver sa sœur Alex (Arielle Kebbel) et leur père aux côtés d’une belle-mère stéréotypée (Elizabeth Banks). Les personnages subtils sont alors réduits à des archétypes convenus – la « bad girl » rebelle remplaçant une psychologie complexe – tandis que l’atmosphère subtilement inquiétante cède la place à des sursauts attendus.
Voici quelques éléments qui expliquent ce constat :
- L’ambiguïté psychologique disparaît au profit d’explications simplistes.
- L’émotion tragique laisse place à un suspense prévisible.
Résultat : loin de l’intensité dramatique qui fait toute la singularité de A Tale of Two Sisters, son remake américain se contente d’enchaîner les ficelles scénaristiques classiques.
L’héritage toujours intact du chef-d’œuvre coréen
Aujourd’hui encore, cette pépite sud-coréenne demeure incontournable pour qui souhaite comprendre l’évolution récente du cinéma d’horreur international. Disponible actuellement sur AMC+, elle mérite assurément une redécouverte attentive – surtout face aux limites flagrantes de ses adaptations occidentales.