Carrie va enfin être fidèle au roman de Stephen King

Image d'illustration. CarrieAmazon / PR-ADN
L’adaptation télévisée de Carrie par Mike Flanagan promet de montrer l’héroïne telle que Stephen King l’a imaginée, avec son apparence et ses exclusions.
Tl;dr
- Mike Flanagan prépare une nouvelle adaptation télévisée de Carrie, promettant une approche fidèle à l’essence du roman de Stephen King.
- Contrairement aux versions précédentes, cette adaptation pourrait enfin montrer Carrie White telle qu’elle est dans le livre, adolescente en surpoids et victime de rejet social.
- Le projet vise à restituer pleinement la puissance symbolique du récit, explorant la colère et la soif de justice des exclus plutôt que d’édulcorer leur expérience.
Un nouveau visage pour Carrie
Mike Flanagan, le réalisateur adulé des amateurs d’horreur et déjà connu pour ses interprétations audacieuses de l’univers de Stephen King, s’apprête à relever un défi majeur : adapter Carrie pour la télévision. L’annonce a fait l’effet d’une petite bombe chez les fans, tant le cinéaste a su réinventer des œuvres réputées inadaptables comme Gerald’s Game ou bâtir des ponts inattendus entre Doctor Sleep et la mythique version de Kubrick. Alors que son prochain film, The Life of Chuck, est attendu en 2025, c’est vers la toute première héroïne de Stephen King que se tourne désormais Mike Flanagan — avec, on l’espère, une approche fidèle à l’essence du roman.
La question centrale : où est la vraie Carrie White ?
Depuis sa publication en 1974, Carrie raconte l’histoire tragique d’une adolescente persécutée et dotée de pouvoirs télékinétiques. Pourtant, toutes les adaptations majeures (de Sissy Spacek à Chloë Grace Moretz) ont escamoté un point essentiel : dans le livre, Carrie White est obèse. Stephen King la décrit sans détour comme une « grenouille parmi les cygnes », exclue non seulement pour sa différence mais aussi pour son apparence physique. Or, jusqu’ici, Hollywood n’a jamais permis à ce détail crucial d’exister à l’écran.
Derrière cette omission se cache une réalité dérangeante. L’industrie préfère visiblement une Carrie conforme aux standards de beauté qu’un personnage qui incarne la violence du rejet social réservé aux personnes en surpoids. De fait, tout le sens symbolique de la scène emblématique du bal — où Chris humilie Carrie avec du sang de porc — s’en trouve édulcoré. Utiliser ce sang n’est pas anodin : c’est une insulte calculée dans un système scolaire féroce où la grossophobie règne.
Une figure oubliée de l’empathie collective
En filmant systématiquement des actrices minces dans le rôle principal, les réalisateurs facilitent l’identification du public dans une société profondément marquée par la grossophobie. Mais que se passerait-il si le spectateur devait éprouver de l’empathie envers une adolescente grosse harcelée jusqu’à commettre l’irréparable ? Ce renversement serait salutaire. On oublie souvent que les femmes grosses sont invisibilisées ou caricaturées dans la fiction — rarement héroïnes, jamais objets d’un regard amoureux crédible.
L’heure est venue pour Carrie White de briller enfin telle qu’elle est
Si Hollywood a longtemps fui ce miroir dérangeant, peut-être fallait-il attendre quelqu’un comme Mike Flanagan pour oser montrer une Carrie dont la force naît justement du stigmate dont elle souffre. Raconter son histoire autrement ne serait rien d’autre qu’un faux-semblant : celle d’une génération qui préfère tourner le dos à ses peurs plutôt que de leur faire face en pleine lumière. Les attentes sont immenses, mais il est plus que temps que le récit originel de Stephen King soit porté à l’écran dans toute sa complexité — avec une héroïne enfin fidèle à ce qu’elle incarne : la colère légitime des exclus et leur soif bouleversante de justice.