Star Trek à travers les yeux d’Isaac Asimov

Image d'illustration. Star TrekParamount / PR-ADN
Au-delà du divertissement, la série incarnait pour l’auteur américain des lois de la robotique une exploration des dilemmes humains et culturels.
Tl;dr
- Isaac Asimov admirait Star Trek pour ses valeurs humanistes, tout en dénonçant l’influence du marché et des audiences sur la télévision américaine.
- Il voyait dans la série un espace d’exploration sociale et philosophique, où coexistaient différentes cultures et intelligences dans un esprit pacifiste et rationnel.
- L’héritage d’Isaac Asimov et sa collaboration avec Star Trek ont marqué durablement la science-fiction, posant des bases éthiques pour les récits futuristes et robotiques.
L’art contre le marché
Au fil des années, Isaac Asimov n’a jamais caché son admiration pour la science-fiction télévisuelle et ses créateurs. Pourtant, il savait à quel point une œuvre aussi ambitieuse que Star Trek, portée par la vision de Gene Roddenberry, pouvait se heurter à l’impitoyable logique du marché. Dans les années 1970, alors que les fans s’organisaient autour de conventions encore balbutiantes, l’écrivain rappelait déjà que, pour les chaînes américaines, tout dépendait d’une audience suffisamment large pour séduire les annonceurs. À ses yeux, peu importait la passion des fidèles ou la portée philosophique du programme : « le programme n’est qu’un prétexte à vendre du temps publicitaire », expliquait-il non sans amertume.
Le génie humaniste de Star Trek
Si Star Trek suscitait un tel respect chez Isaac Asimov, c’était bien davantage pour ses valeurs que pour ses récits d’aventure. L’auteur des célèbres Laws of Robotics y voyait une série pionnière, osant représenter une société post-conflit où coexistaient différentes cultures et espèces intelligentes dans un esprit résolument pacifiste. La fameuse maxime d’ouverture – « Aller hardiment là où aucun homme n’est allé auparavant » – revêtait à ses yeux une double signification : explorer certes l’espace inconnu, mais surtout affronter des dilemmes inédits pour l’humanité. Dans cet univers, chaque intelligence avait le droit fondamental d’exister sans subir d’ingérence extérieure, tant qu’elle ne menaçait personne au-delà de ses frontières.
Sous le vernis du divertissement, une réflexion sociale profonde
Parmi les éléments qui fascinaient tant l’auteur russe-américain figurait cette capacité rare à traiter des problèmes sociaux contemporains sous couvert de fiction spatiale. D’après lui : « Star Trek incarnait une forme de lucidité bienvenue… avec des personnages pleinement humains ou extraterrestres – pensons à Spock – porteurs d’une rationalité rassurante dans notre monde incertain ». Un propos qui prend tout son sens face à l’évolution de la société américaine et aux crispations internationales de l’époque.
L’héritage durable d’un maître de la SF
Il faut rappeler que sans l’apport d’Isaac Asimov, la science-fiction moderne aurait sans doute un visage bien différent. Son influence va bien au-delà de son cycle Foundation, dont les passionnés décortiquent encore les moindres détails. On lui doit notamment d’avoir posé les bases éthiques incontournables des histoires de robots grâce à I, Robot. Et puis, ironie du sort ou juste reconnaissance, c’est justement sur le plateau du premier long-métrage Star Trek en 1979 qu’Isaac Asimov, devenu consultant scientifique, a pu apporter sa pierre directe à cet édifice culturel désormais incontournable.