Bien avant The Last of Us, un autre récit s’aventurait déjà dans l’apocalypse fongique

Image d'illustration. The Girl with All the GiftsWarner Bros. Pictures / PR-ADN
The Last of Us et The Girl with All the Gifts partagent une même source d’inspiration glaçante.
Tl;dr
- The Last of Us se démarque en transformant le Cordyceps, champignon bien réel, en menace apocalyptique terrifiante.
- Cette vision trouve un écho troublant dans The Girl with All the Gifts de M. R. Carey, née d’une source d’inspiration commune.
- Là où Ellie incarne l’espoir d’un remède, Melanie symbolise une humanité transformée — deux visions opposées d’un même cauchemar.
Quand la fiction s’inspire de la nature
Dans l’univers saturé de récits post-apocalyptiques, une originalité singulière distingue The Last of Us des autres œuvres du genre : l’origine de ses créatures infectées. Ici, nul virus ressuscitant les morts, mais un ennemi terriblement plausible : le fungus Cordyceps, parasite bien réel capable de prendre le contrôle d’insectes dans la nature. Ce parti pris, qui efface la frontière entre fantastique et réalité, fait écho à un regain d’intérêt culturel pour cette menace organique. D’ailleurs, l’apparition des infectés aux visages couverts de champignons impressionne par son réalisme glaçant et inspire désormais d’autres œuvres horrifiques, tel le récent film Weapons.
L’étonnante coïncidence de deux visions apocalyptiques
Mais alors, cette idée de zombies fongiques est-elle vraiment née avec The Last of Us ? Un an avant sa sortie officielle en 2013, l’auteur britannique M. R. Carey publie déjà une nouvelle fondatrice sur ce thème, Iphigenia in Aulis, qu’il développera en roman sous le titre The Girl with All the Giftspuis en film. Coïncidence troublante… Pourtant, les deux créateurs revendiquent une même source d’inspiration : un documentaire sur la faune présenté par David Attenborough, très probablement Planet Earth. De là à parler de plagiat ? Difficile à soutenir : chacun a semble-t-il découvert séparément la terrifiante capacité du Cordyceps, puis poussé jusqu’à ses conséquences ultimes cette hypothèse inquiétante : et si cela touchait l’homme ?
Héroïnes et mutations : deux regards sur l’évolution humaine
Si les similitudes entre les deux récits frappent – jeunes héroïnes au destin exceptionnel confrontées à une pandémie fongique mondiale – leurs trajectoires divergent profondément. Dans The Last of Us, Ellie incarne l’espoir d’un vaccin grâce à son immunité naturelle ; dans The Girl with All the Gifts, Melanie n’est pas immunisée mais issue d’une nouvelle génération hybride : elle porte le parasite tout en conservant sa conscience humaine.
Voici ce qui distingue fondamentalement ces deux approches :
- Ellie : unique espoir scientifique ; quête du remède universel.
- Melanie : enfant infectée mais évoluée ; symbole d’une humanité renouvelée.
- Dénouement : chez Carey, l’ancien monde cède sa place à une nouvelle civilisation infectée.
Renaissance ou fatalité ?
Le roman et son adaptation cinématographique offrent une conclusion radicale : Melanie libère les spores sur la planète et renonce à sauver l’ancienne humanité. L’image finale – des enfants infectés instruits pour bâtir autre chose – rappelle le mythe grec de Pandore évoqué dans le titre originel. Une perspective osée qui tranche avec l’espoir résiduel du jeu vidéo phare. Quant à Carey, il poursuit son exploration du thème zombie avec son récent ouvrage médiéval Once Was Willem, preuve que la fascination pour nos monstres intérieurs reste intacte.