Batman et Robin : l’échec flashy qui a marqué les années 1990

Image d'illustration. Batman et RobinWarner Bros. Pictures / PR-ADN
Pensé pour vendre des jouets et séduire le grand public, le film Batman et Robin a sacrifié le ton sombre de la saga au profit de l’excès visuel.
Tl;dr
- Batman et Robin marque un virage radical vers une esthétique légère et colorée, rompant avec l’atmosphère sombre des films de Tim Burton.
- Conçu pour vendre des jouets plus que pour raconter une histoire, le film souffre d’un excès visuel et d’un échec commercial retentissant.
- D’abord conspué, le film est aujourd’hui réhabilité par une partie du public pour son kitsch et son humour involontaire, symbole d’un certain cinéma « camp ».
Une rupture de ton assumée, mais risquée
À la fin des années 1990, peu de films auront laissé une empreinte aussi paradoxale dans la mémoire collective que Batman et Robin. Sorti en 1997 sous la direction de Joel Schumacher, ce quatrième volet de la franchise s’est éloigné de l’atmosphère sombre installée par Tim Burton en 1989. L’objectif ? Embrasser une veine plus légère, inspirée de la série télévisée des années 1960, où le super-héros incarné cette fois par George Clooney côtoie des adversaires plus comiques que réellement inquiétants.
La tentation du merchandising à outrance
La métamorphose n’était pas seulement artistique. Warner Bros. Pictures avait imposé au réalisateur un cahier des charges précis : rendre le film plus « toyetic », autrement dit, favoriser la création de costumes et gadgets facilement déclinables en jouets. Résultat ? Des choix esthétiques flamboyants, de nouveaux véhicules et décors… mais aussi une surcharge visuelle qui a rapidement lassé. Avec un budget estimé à 160 millions de dollars, Batman et Robin n’en a rapporté que 238 millions – bien loin du succès escompté pour un blockbuster de cette ampleur.
Un échec pressenti avant même la sortie
Pour ceux qui ont participé à l’aventure, les signaux d’alarme n’ont pas tardé. En pleine promotion, Chris O’Donnell, alias Robin, se souvient du désamour immédiat de la presse : « Il y avait tellement de haine autour du film à sa sortie. À un moment, Joel Schumacher a baissé les bras : « J’abandonne. Je ne peux plus continuer ». Il était abattu ». Si l’acteur retient malgré tout l’expérience comme formatrice, il admet avoir compris sur ce tournage qu’aucun succès n’est jamais garanti à Hollywood.
L’héritage kitsch d’un film honni
Pourtant, la trajectoire de Batman et Robin n’a rien d’une ligne droite. Avec le temps, certains spectateurs lui ont trouvé un charme inattendu : son esthétique outrancière et ses sous-entendus queer séduisent aujourd’hui une partie du public, particulièrement lors des projections nocturnes ou dans des cycles célébrant le cinéma camp. Alicia Silverstone, qui incarnait Batgirl – rôle pour lequel elle a reçu un Razzie Award –, observe avec humour ce regain d’intérêt : « Batgirl a connu une renaissance ! Aujourd’hui, beaucoup me disent que c’est leur film préféré… surtout mes amis gays ! »
Il arrive donc parfois qu’un échec critique s’offre une seconde vie, aussi improbable que colorée. En témoigne le retour furtif de George Clooney dans The Flash en 2023… pour un autre naufrage au box-office. La roue tourne, même à Gotham.