Abus de pouvoir : Google fait licencier un expert pour un texte anti-Google
L'affaire fait grand bruit aux Etats-Unis, Google est accusé d’avoir fait pression sur un groupe de réflexion pour obtenir le départ de l'un de ses experts, après un article critique sur l'entreprise et sa position de monopole. Google a t-il franchi une limite ?
Google fait une nouvelle fois la “Une” de l’actualité pour un sujet qui risque d’agiter l’opinion publique et de nombreuses associations défendant le respect des libertés fondamentales. Peut-on critiquer Google ou risque t-on sa place lorsque l’on avance des opinions trop critiques à l’égard du groupe américain ?
Licencier pour avoir dit ce qu’il pensait du monopole de Google ?
Il semble que oui, lorsque l’on découvre le cas de Barry Lynn, un expert ayant émis des critiques à l’encontre de Google et travaillant au sein de la New America foundation (un Think tank ou groupe de réflexion influent), qui accuse aujourd’hui la firme de Mountain View d’avoir coupé les subventions dédiées à son projet de recherche, d’avoir fait censurer un de ses articles et d’avoir demandé son départ de la fondation.
A la fin du mois de juin, Barry Lynn s’était félicité de la décision de la Commission européenne ayant infligé une amende de 2,42 milliards d’euros contre Google pour abus de position dominante. Ce spécialiste des questions de monopole œuvrait pour le groupe de réflexion New America Foundation et y dirigeait le projet Open Markets, il avait publié un communiqué réclamant aux autorités américaines, dont la FTC (Commission fédérale du commerce), d’appliquer la loi sur les monopoles contre le moteur de recherche, comme le président Trump l’avait promis durant sa campagne présidentielle. Peu après sa prise de position, celui-ci a été remercié…
Son article avait été dé-publié du site de l’institution New America Foundation, avant de réapparaître mystérieusement quelques jours plus tard. Il semble donc que l’on puisse perdre son travail lorsque l’on évoque les questions de monopole de Google publiquement.
New America Foundation: une fondation où Google semble faire la pluie et le beau temps
Du côté de la New America Foundation, on réfute évident ces accusations et la présidente de la fondation a déclaré que le licenciement n’était « pas liée au contenu du travail [de M. Lynn] », mais parce que ses activités « mettent en péril l’institution dans son ensemble ». Que penser de cette décision lorsque l’on sait que Google subventionne la fondation à hauteur de 21 millions de dollars depuis 1999 et que M. Schmidt, le PDG de Google, a même présidé le conseil d’administration de cette fondation durant un temps…
Le projet Open Markets de Barry Lynn a depuis été arrêté et la fondation justifie la décision par le « refus répété [de M. Lynn] de se plier aux standards d’ouverture et de collégialité de la New America »
Il ne fait aucun doute que l’on est loin d’avoir fini d’entendre parler de cette histoire, qui sur le fond est assez grave puisque cela concerne le non respect des libertés fondamentales, mais également la place du lobbying au sein des groupes de réflexion.