Test Mirror’s Edge Catalyst

Par Antoine Roche publié le 5 juillet 2016 à 10h00, modifié le 31 janvier 2017 à 16h07.
Pop Culture
Mirror's Edge Catalyst

Mirror's Edge Catalyst

6 /10

Notes

  • Mirror's Edge Catalyst
    6

Avantages

  • De chouettes sensations de parkour
  • Sound design réussi
  • Toujours une direction artistique marquante mais...
  • Beaucoup de contenu mais...

Inconvénients

  • Un monde ouvert à l'intérêt limité
  • Scénario rarement intéressant
  • ... un peu gâchée par une technique moyenne
  • ... pas toujours passionnant

8 ans après Mirror's Edge, Dice et Electronic Arts proposent enfin le reboot/prequel Mirror's Edge Catalyst en faisant notamment le choix d'un monde ouvert et dopé au online. Alors, retour aérien virevoltant ou chute avec réception tête la première dans le béton ?

Introduction

En 2008 sortait Mirror’s Edge. Développé par Dice et édité par Electronic Arts, il s’agissait d’un FPS suffisamment particulier pour marquer les esprits malgré ses défauts et son gameplay régulièrement frustrant. Pour Mirror’s Edge Catalyst, qui est en fait à la fois un reboot et un prequel puisque se déroulant avant les évènements de Mirror’s Edge, Dice et EA ont décidé de reprendre les 3 bases du premier titre : du parkour sur les toits d’une ville totalitaire dans un futur proche, une direction artistique flatteuse et enfin l’héroïne, Faith, ici logiquement plus jeune.

Mais, jeu triple A en 2016 oblige, Catalyst se dote de nombreux nouveaux éléments comme un monde désormais ouvert, du multijoueur asynchrone, un système de progression du personnage ou encore de nombreux objets à ramasser, tandis que le système de combat est lui aussi concrètement revu. Mais est-ce que tous ces ingrédients parviennent à correctement se marier ? Pas toujours.

Saut de la Foi

Comme dit plus haut, l’histoire de Mirror’s Edge Catalyst traite des débuts de Faith Connors. Il est ainsi question de ses premières missions en tant que Messagère dans la ville de Glass, mais aussi de son passé et de sa jeunesse qui importeront surtout aux joueurs avides de quelques révélations liées au premier opus.

Pour les néophytes, l’intrigue se déroule dans une cité dystopique contrôlée par de grosses sociétés, dont la principale est Kruger Holding. Celle-ci impose un climat totalitaire à base de surveillance lourde, de contrôle permanent et autres forces armées pour imposer sa vision des choses. C’est tout juste si cette société tolère les Messagers, des coursiers qui s’occupent de livrer des produits rarement légaux à travers la ville en passant par les toits.

Après un an de prison suite à une opération qui aura mal tourné, Faith rejoint les Messagers et reprend ses activités. Inutile d’en dire plus sur l’intrigue, mais sans surprise l’héroïne et ses alliés vont finir par se dresser comme ils peuvent face à ce régime à coup de sabotages et autres vols. L’occasion également pour Faith d’en apprendre plus sur son histoire tumultueuse.

Malheureusement, avec cet univers de science-fiction alléchant Dice ne propose qu’un scénario moyen aux thématiques survolées et des personnages tantôt juste corrects tantôt franchement pénibles. La palme allant à Plastic, qui ressemble fortement à un mélange irritant entre Felicity de Arrow et Sheldon de The Big Bang Theory. Par ailleurs, nous vous conseillons de jouer en VO si vous le pouvez, la VF étant particulièrement calamiteuse (“alors, ça pulse ?“).

- Sarah Connor ? - Non, c'est à côté

Côté gameplay, le développeur a conservé les bases du premier jeu tout en fluidifiant l’ensemble. Parkour à la première personne oblige, le joueur va être amené à énormément courir, glisser, sauter, grimper et agripper des surfaces sur les toits de la ville et dans les rares intérieurs ouverts. La prise en main est rapide, les sensations de vitesse sont bien là (la première chute dans le vide peut traumatiser) et Faith se contrôle plutôt bien même si vous risquez de régulièrement manquer une manoeuvre et rager (c’est bien entendu du vécu).

En revanche, ce gameplay central évolue à plusieurs niveaux. Tout d’abord, le monde est désormais ouvert et Faith est bien plus libre d’aller où elle le souhaite. Malheureusement, du fait de l’échelle de Glass, suffisamment grande au demeurant, impossible d’être complètement libre comme dans un Dying Light plus ramassé par exemple, puisque les buildings sont souvent trop espacés entre eux pour courir et sauter sans réfléchir.

La course de nuit rajoute un peu de difficulté

La course de nuit rajoute un peu de difficulté

L’ajout d’un grappin/filin après quelques heures de jeu n’aide d’ailleurs pas trop puisque ceux-ci ne fonctionnent que sur certains rares points bien définis par le jeu. S’il y a régulièrement plusieurs chemins pour atteindre un objectif, le level design est pourtant rarement inspiré et l’on finira le plus souvent par simplement suivre sans trop cogiter le GPS intégré. Il est bien entendu possible de le désactiver ou d’en limiter l’affichage (option que nous conseillons pour une expérience idéale), à vos risques et périls car ce qu’il est possible de faire ou non physiquement n’est pas toujours clair.

Et puisque l’on parle du grappin/filin, notons qu’un système de gain d’expérience et de compétences à débloquer est de la partie. Si l’on comprend les classiques talents pour avoir un peu plus de vie au fil de l’aventure par exemple, on regrettera que certains mouvements (comme le demi-tour en l’air indispensable pour passer certaines zones) soient bloqués quelques heures au début d’aventure. Cela dit, on perd en liberté initiale ce qu’on gagne en apprentissage plus doux. Reste que les 3 arbres de compétences sont très verrouillés et extrêmement dirigistes, et finalement assez inutiles.

Pour terminer sur le gameplay central, abordons les combats. Dice laisse ici tomber la possibilité de ramasser des armes (merci), et se concentre uniquement sur le corps à corps à base d’attaques légères, attaques lourdes et esquives. En enchainant correctement les déplacements (sauts et glissades sans interruptions, wall-run, attaques en courant…etc.) et en restant en mouvement, Faith se dote d’ailleurs d’un bouclier (focus) qui absorbe les dégâts à la place de ses barres de vie.

L’IA n’étant pas très maligne, il est assez aisé de fuir ou de se cacher et lorsqu’il n’y a pas le choix d’affronter ses ennemis quelques esquives et un peu de timing suffisent à s’en sortir. C’est mieux que le premier jeu, notamment lorsque la pression est importante, mais ce n’est toujours pas ça et les types d’ennemis sont beaucoup trop peu nombreux pour en faire une phase véritablement réjouissante.

Alice ça glisse

Continuons en évoquant un élément impossible à ignorer tant il a fait le sel du premier Mirror’s Edge : la direction artistique. Toujours efficace grâce à ses bâtiments blancs rehaussés de verre et de quelques touches de couleurs vives, l’on aurait cependant pu espérer mieux de la part du moteur Frostbite 3 de Dice. Si l’ensemble n’est absolument pas vilain à l’oeil et même régulièrement impressionnant grâce à une architecture inspirée de temps à autre, la claque visuelle est cependant régulièrement limitée par une technique assez moyenne.

On relèvera ainsi quelques textures qui jurent ou qui chargent tardivement, ou encore des temps de chargements particulièrement longs. Heureusement que le jeu sauvegarde très régulièrement pour les nerfs, d’ailleurs. On regrettera également le manque de vie général de Glass. Les rares PNJ croisés sur les toits, balcons et trop rares appartements ouverts sont des poteaux avec le minimum syndical d’animations.

Évoquons enfin les cinématiques qui sont particulièrement belles, mais qui auront nécessité quelques patchs pour que le son et l’image ne soient plus décalés… Sur notre PC de test avec les paramètres (assez nombreux et avec un réglage du FOV un peu étrange, mais qui a le mérite d’être là) au maximum, Mirror’s Edge Catalyst atteint cependant régulièrement les 60 fps avec quelques chutes assez aléatoires. Ni parfait ni scandaleux, donc. Côté points positifs relevons un sound design réussi (les baskets de Faith sur le sol notamment) ou encore une bande-son encore réussie signée Solar Fields.

Concernant la durée de vie, comptez une douzaine d’heures pour terminer l’histoire principale ainsi que les quelques quêtes secondaires scénarisées. Une durée qu’il est aisé d’allonger en s’intéressant au reste du contenu pléthorique du titre.

Glass regorge ainsi de base d’activités secondaires (plusieurs types de courses, antennes à saboter, zones à escalader pour débloquer des voyages rapides…etc.), de CENTAINES d’éléments à collecter dans la ville pour un peu d’xp (la plupart sont à peine cachés et on se demande l’intérêt de la chose), mais aussi de contenu multijoueur asynchrone. Chacun peut en effet créer des courses et un système de fantôme et de classement permet aux plus motivés de se tirer la bourre pour être le meilleur coursier. Rien de révolutionnaire donc, mais de quoi arpenter Glass pour quelques heures de plus si la répétitivité ne vous fait pas trop peur.

Préparez-vous à voir cette animation de nombreuses fois

Préparez-vous à voir cette animation de nombreuses fois

Conclusion

Mirror’s Edge Catalyst n’est ni le miracle attendu par les fans du premier opus ni la purge prédite par ses détracteurs. Le titre est comme son ancêtre : moyen. Si Catalyst parvient avec un certain succès à dynamiser et fluidifier le gameplay central du jeu, à savoir le parkour, il délivre malheureusement un travail passable sur environ tout le reste.

Monde ouvert peu réussi et rempli à ras bord de contenu rarement intéressant sauf pour les adeptes de courses Fedex avec classement, histoire et personnages très moyens, combats souvent brouillons et pénibles, système de progression assez inutile ou encore technique en demi-teinte… le titre de Dice aurait peut-être nécessité un peu moins de quantité et plus de qualité. Son univers et son héroïne l’auraient en tout cas mérité.

Cela dit, quand tout se déroule bien lors d’une course poursuite tendue et que l’on enchaîne à la perfection les sauts et esquives dans certains décors vertigineux, Mirror’s Edge Catalyst délivre une expérience grisante qu’il est le seul aujourd’hui à proposer. Dommage que ces moments de grâce ne soient pas plus nombreux et qu’au final le jeu laisse un goût assez amer en bouche.

Testé sur PC : Windows 10, Core i5-4670, 8 Go de RAM, GTX 980