Nikon D810 : le test au festival des Vieilles Charrues 2014
J'ai eu la chance tester le tout nouveau Nikon D 810 dans les conditions exceptionnelles du festival des Vieilles Charrues
Un produit de la gamme Pro hors du commun
Attention, je vous préviens, le reflex dont je vais vous parler n’est pas à la portée de tous. Le Nikon D810, annoncé au mois de Juin et disponible depuis la semaine dernière, est réservé aux amateurs fortunés ou aux pros.
A 3200 € le boitier nu, son tarif interdit l’achat compulsif et il est conseillé d’avoir de bonnes bases en photo pour s’en servir. Mais les bases s’apprennent, et le D810 est peut-être le meilleur réflex du moment pour la photo, toutes catégories confondues. Alors quand Nikon m‘a proposé de le tester, je n’ai pas réfléchi longtemps, surtout que le test se déroulait dans le cadre exceptionnel du festival des Vieilles Charrues, à Carhaix, en Bretagne ! Ca change des gros plans sur des géraniums (vous je ne sais pas, mais je n’ai jamais compris pourquoi on prend des fleurs en photo pour tester un appareil. Dans la vraie vie, vous prenez des fleurs en photos tous les jours vous ??)
Pour ma part, je suis passé du Canon 7D à un Nikon D610 il y a quelques mois. Le D610 est un plein format, ou full frame, comme le D810. Faire des photos sur un reflex plein format présente trois avantages par rapport à des appareils à plus petits capteurs :
Le capteur plein format est beaucoup plus grand. Il permet donc une image plus détaillée. Plus de lumière peut entrer dans le boitier et de ce fait, l’image est beaucoup moins bruitée.
Autre avantage, les objectifs anciens, voire très anciens, sont compatibles. On trouve ainsi de très bonnes affaires dans l’occasion, surtout chez Nikon qui utilsie le même format d’objectif depuis des décennies.
Et enfin, dernier avantage, le reflex plein format permet de recarder dans l’image sans la dégrader. Plus un reflex aura de pixels, plus le recadrage sera indolore pour la qualité des images. Et c’est d’ailleurs parce que les reflexes plein format d’aujourd’hui produisent des images composées de plusieurs dizaines de millions de pixels que ce recadrage est possible directement sur le boitier.
Le Nikon D810 est un monstre à plus d’un titre. Il embarque un capteur de 36 millions de pixels, son autofocus est capable d’analyser 51 points sur l’image, permet de filmer en 1080p à 60 images par seconde, et possède deux emplacements pour carte mémoire, (Compact Flash et SD Card). Le boitier est tropicalisé, c’est à dire qu’il ne craint ni les projections d’eau, ni de sable, ni les poussières. Il est aussi résistant aux chocs. Ainsi, il peut tomber par terre, et marchera toujours.
Pour les specs complètes, je vous renvoie au site de Nikon, car sa fiche technique est longue comme le bras, et son manuel d’utilisation dépasse d’ailleurs les 500 pages…
Un boitier FX qui passe au DX en temps réel
J’ai testé le D810 avec quelques optiques plutôt sympathiques, prêtées elles aussi par Nikon France. Le 70-200 f4, est un objectif parfait pour les concerts, il est lumineux, puissant, et ne coûte pas un bras (juste la moitié). Mais lorsque l’on est loin de la scène, on aimerait bien pouvoir aller au delà de 200. C’est ici que le boiter D810 apporte un petit plus. J’ai aussi tésté le 70-200 f2,8. Lui il coute un bras, mais même avec un seul bras, vous pourrez continuer à faire des photos.
En plus du format traditionnel hérité de l’argentique 24×36, le recadrage permet de capturer en format DX (la même taille que les capteurs APS-C), mais aussi un autre format, 5×4, presque carré, et 20×16, qui va recadrer encore dans la grande image 36 millions de pixels pour correspondre à un cliché en 17 millions de pixels… Autant dire que le 70-200 se transforme presque en 140-400.
A noter un détail intéressant : il est possible de passer du format FX aux deux autres format de recadrage en temps avec une combinaison de touches. J’ai la même chose sur mon D610, et c’est vraiment pratique.
Je ne suis pas un pro de la photo, j’ai plutôt l’habitude de filmer au réflex, plutôt que prendre des photos. Mais pour cette série de tests, j’ai privilégié la photo et j’ai pu apprécier le confort d’un boitier pro. Ce confort passe par plusieurs facteurs, qui font que les réflexes auront toujours une longueur d’avance sur les compacts et surtout les smartphones.
Une gestion du bruit numérique et des fichiers très efficace
Sur le D810, la gestion du bruit est exemplaire. Quelles que ce soient les conditions de lumières, je n’ai jamais eu une seule photo qui laisse apparaître de bruit numérique, ce fameux grain constitué de pixels colorés, qui « salissent » une photo. Le D810 descend très bas (64), voire même 32 (dans un mode Low1) et monte haut dans les ISOS (12 800, et même plus dans un mode hautes lumières). Il est même possible de définir une plage de sensibilité au delà de laquelle le D810 ne pourra pas sortir.
Et même si certains appareils affichent des chiffres encore très supérieurs, il faut juger sur les photos. Le résultat est bluffant… Des photos de nuit, avec une faible lumière, ne génèrent aucun bruit visible à l’œil nu. On pourrait presque parler de magie. C’est loin, très loin des images en basses lumières prises par les compacts ou les smartphones.
On doit ce résultat au processeur du D810, et même si je ne comprends pas moi-même tout le travail effectué par ce dernier, je suis épaté par la qualité des images. Je n’avais jamais vu ça auparavant.
Le niveau de gamme plutôt élevée du boitier réserve aussi quelques bonnes surprises. Par exemple, il est possible de séparer l’écran arrière en deux, et ce, afin de zoomer indépendamment dans l’une de deux parties de l’image pour vérifier la zone de netteté d’un point précis de celle-ci. Car même si l’écran arrière et grand, très lumineux et offre une définition confortable, il ne sera pas anecdotique de pouvoir y voir plus en détail.
Les images produites par le capteur de 36 millions de pixels sont énormes, une photo à pleine résolution en mode FINE aura une taille de 7360 x 4912 et un poids moyen de 17 Mo. Et ici, je parle bien de fichier JPG !
Quand aux fichiers NEF (RAW chez Nikon), les négatifs numériques qui permettent de choisir à postériori la balance des blanc, l’exposition, et tout un tas d’autres réglages sont aussi très lourds. On frôle les 80 Mo par image…. Nikon a donc eu la bonne idée de proposer un format RAW compressé, qui permet de diviser par 3 le poids d’une image, mais qui pourra toujours être retraitée dans Adobe Lightroom ou le dernier logiciel gratuit que vient de sortir Nikon, Capture NX-D. Celui-ci remplace l’ancien Capture NX2, dont le moteur avait été conçu par une entreprise qui, depuis, a été rachetée par Google !
Je dois signaler que lorsque j’ai voulu dérusher mes NEF dans Photoshop, il ‘a été impossible de les ouvrir. et pourtant, je tourne sous Photoshop CC 2014, la toute dernière version. Le probleme vient de format des NEF du D810, pas encore reconnu par Photohshop (ni Lightroom). Le problème peut être facilement réglé en téléchargeant la version beta de Adobe Camera Raw, en attendant une mise à jour du logiciel.
Quelques défauts malgré tout
le Nikon D810 est une merveille, mais il n’est pas exempt de petits détails qui peuvent gêner. Tout d’abord, la profondeur des menus est déroutante. Il y a tellement de réglages possibles qu’on s’y perd très vite. De plus, de très nombreux boutons présents de part et d’autre du boitier peuvent être personnalisés. Mais même pour arriver à cette configuration dont le but est de vous faire gagner du temps, vous devrez en passer beaucoup pour la création de raccourcis personnalisés. La doc papier fait 500 pages, là aussi, le risque de reculer face une tâche aussi ardue vous guète.
Pour la partie photo, Nikon a mis beaucoup de temps pour se décider enfin à proposer plusieurs niveaux de taille pour les fichiers RAW, alors que c’est le cas depuis plusieurs années chez Canon. Son arrivée est donc une bonne nouvelle, mais on aurait aimé avoir le choix entre plus de 2 tailles d’images.
L’écran n’est pas orientable, comme sur beaucoup d’autres reflexes. Mais cette absence a une raison : le boitier est tropicalisé, son étanchéité doit être présente partout. Autre raison , le D810 est antichoc, un écran détachable ou orientable aurait rendu l’ensemble bien plus fragile.
Si l’absence d’écran orientable vous gêne, sachez que vous pouvez passer par un moniteur externe à brancher sur la griffe flash. Un écran LCD de type Liliput 5″ vous coutera environ 150″ sur Amazon. C’est très très pratique, et presque obligatoire en vidéo.
Et enfin, impossible de ne pas citer la barrière du prix. A 3200 € le boitier, il n’est pas à la portée de tous, et il faudra encore sortir le chéquier pour y ajouter un objectif. Mais le D810 vous ouvre aussi les portes de l’univers Nikon Pro. Et comme on est dans une gamme pro, vos interlocuteurs chez Nikon seront des vrais experts, qui connaissent le boitier par cœur et pourront répondre à toutes vos questions sans tabous et sans la petite couche de pommade marketing que ne peuvent s’empêcher de passer les chefs de produits grand public 🙂 Et là, je ne parle pas forcement de produit photos…)
Je remercie d’ailleurs Ludovic Dréan, responsable des services Nikon Pro en France, qui s’est montré très patient avec toutes les questions tordues que j’ai pu lui poser pendant cette journée exceptionnelle ou j’ai eu la chance de tester un produit hors du commun, de part la qualité de fabrication, les performances, et le confort d’utilisation !!
Conclusion
Le D810 est un boitier clairement orienté haut de gamme ! Le prix, les performances, et le confort le confirment. le D810 n’est pas véritablement adapté aux débutants en photo, même fortunés. On peut aussi regretter l’absence de 4K, que proposent certains concurrents sortis avant lui et vendus moins chers. Malgré, tout, il reste un appareil ou il sera très difficile de rater des photos.