Suicide Squad : notre avis sans spoilers
Après les dernières bandes-annonces diffusées, nous avions un peu d'espoir que Suicide Squad propose un divertissement fun. Raté.
Après des mois de matraquage marketing et un accent toujours plus mis sur le fun et la folie dans sa communication, Suicide Squad est enfin visible dans nos salles. Le film écrit et réalisé par David Ayer (Fury, End of Watch…), était spécialement attendu au tournant après la déroute critique de Batman v Superman et un petit espoir était permis. Une fois hors de la salle (et même après quelques minutes de projection à vrai dire), la triste réalité était malheureusement sans appel : Suicide Squad n’est assurément pas Deadshot et manque complètement sa cible.
Marketing Squad
Avant de nous attaquer aux problèmes (et quelques réussites) du film, revenons très rapidement sur son scénario pour ceux qui ne le connaitraient pas. Suicide Squad se déroule chronologiquement peu de temps après les évènements de Batman v Superman. Afin de lutter contre les méta-humains toujours plus nombreux, Amanda Waller (Viola Davis) à la tête de l’organisation gouvernementale A.R.G.U.S., décide de monter la Task Force X, une équipe de super-vilains qu’elle tente de contrôler en mettant notamment à sa tête le militaire Rick Flag (Joel Kinnaman) pour réaliser des missions à haut risque.
Ainsi, des criminels comme Deadshot (Will Smith), Harley Quinn (Margot Robbie), l’Enchanteresse (Cara Delevingne), Captain Boomerang (Jai Courtney) ou encore El Diablo (Jay Hernández) vont devoir affronter une menace mystérieuse. Si vous avez traîné sur Internet ces derniers mois, vous savez que le Joker (Jared Leto) est également quelque part dans le mix.
La 7ème compagnie au clair du osef
Sans surprise, le premier problème du film repose sur le point ci-dessus, à savoir l’overdose de personnages à présenter. Si Deadshot et Harley Quinn profitent de tout juste suffisamment d’éléments pour les caractériser, ce n’est pas le cas de la majorité du reste du casting qui fait plus office de figurant qu’autre chose. Le film aurait pu s’appeler « Deadshot et Harley » tant on ne s’attache jamais à l’équipe dans son ensemble malgré les tentatives maladroites de fin de film de faire ressentir de l’empathie pour cette « nouvelle famille » (j’ai encore la marque de la main sur mon front lorsque ce terme est utilisé par l’un des personnages).
Inutile de revenir sur tous les personnages, mais globalement aucun ne fonctionne comme il le devrait. Deadshot en père de famille au ton improbable ne marche pas, El Diablo et Katana sont des clichés ambulants auxquels il est très compliqué de s’attacher tant leur développement est mal géré, et seule la Harley Quinn de Margot Robbie surnage. Un peu. En effet, non seulement ce personnage est trop utilisé par rapport aux autres et clairement trop sexualisé, mais en plus sa relation avec le Joker n’est vraiment pas celle que l’on attend. D’ailleurs, cette version bling bling et pleine d’amour de Jared Leto n’est pas spécialement convaincante non plus et le célèbre vilain ne viendra clairement pas sauver la mise avec ses apparitions trop courtes pour se développer.
Very Bad Trip
Ensuite, en plus d’une mission spécialement inintéressante pour justifier le scénario, Suicide Squad use jusqu’à la corde tous les poncifs qu’il fallait éviter. On relèvera notamment des retournements de situations ultras prévisibles et clichés, des deus ex machina en pagaille, des ralentis abusés (la réalisation est d’ailleurs ultra commune et sans la moindre surprise et le montage n’est pas bon non plus) et, surtout, le fait que le film tente par tous les moyens d’être fun sans presque jamais y parvenir.
S’il y a bien quelques blagues qui font sourire (à moins de les avoir vues dans les bandes-annonces…), la majorité des dialogues sont lourds, à l’image de passages musicaux « cools » (comprendre du rock ou du rap joué à fond sur une scène pour forcer le trait de l’originalité factice) qui jurent juste avec l’ensemble qui se retrouve le cul entre deux chaises. Plutôt que de mélanger noirceur criminelle et touches d’humour de dernière minute, Suicide Squad aurait mieux fait d’embrasser complètement l’un ou l’autre tant le potentiel était là. Par ailleurs, la bande originale de Steven Price est rarement folichonne et ne se fait remarquer que trop rarement dans l’action.
Un sauvetage raté sur tous les plans
L’autre gros problème de Suicide Squad, notamment lorsqu’on le compare à Batman v Superman, c’est que ce dernier, aussi pétri de défauts qu’il soit, tentait au moins de raconter quelque chose (comme la place de Superman dans la société par exemple) et faisait concrètement avancer le DCEU. Suicide Squad ne fait ni l’un ni l’autre. L’univers n’a pas évolué en 2h de film (en dehors d’introduire des personnages qui ne seront peut-être jamais réutilisés) et aucun propos intéressant en dehors de gros clichés ne ressort du scénario, ce qui renforce son image de film jetable.
Même les combats sont complètement communs et sans enjeux (merci les ennemis nuls) malgré le casting de personnage et même si les 2h de film passent relativement vite grâce notamment à un début correct et quelques caméos sympathiques de divers personnages, elles sont aussi vite oubliées que regardées. On a clairement affaire ici à un beau gâchis tant l’utilisation d’autant d’anti-héros aurait pu donner quelque chose d’atypique sur grand écran.
Conclusion
Suicide Squad n’est pas bon. Sous son verni de film d’antihéros badass plein de couleurs et de musiques criardes, l’oeuvre est en fait parfaitement creuse, prévisible, clichée et à peine divertissante. La faute notamment à un mauvais montage et à un scénario des plus communs bourré de passages forcés. La majorité du blâme revient assurément aux retouches de dernière minute de Warner Bros. pour éviter (oups !) un naufrage critique similaire à celui de Batman v Superman, tandis que même les personnages et dialogues sont le plus souvent ratés et ne viennent presque jamais relever le film.
Reste désormais à espérer qu’une fois encore une version Director’s Cut verra le jour et que celle-ci viendra corriger les nombreux défauts du film, tout en y ajoutant la véritable violence qui manque dans cette version cinéma non assumée. De même, il serait bon pour les fans de DC que des enseignements soient tirés de ces deux (trois si vous n’avez pas aimé Man of Steel) fiasco pour que Wonder Woman et Justice League tiennent eux leur promesse.
https://www.youtube.com/watch?v=smHxeRdf7oI