Des opérateurs européens fournissent Internet à Daesh ?
L'Etat Islamique est très présent sur Internet et les réseaux sociaux mais comment fait l'organisation terroriste pour se connecter dans des régions où les infrastructures sont quasi inexistantes ?
Internet et les réseaux sociaux sont très importants pour l’Etat Islamique afin de diffuser ses messages de propagande et recruter. L’hebdomadaire allemand “Der Spiegel” s’est demandé qui fournit l’Internet au groupe terroriste et découvert que des opérateurs européens seraient impliqués malgré eux.
Des entreprises européennes fourniraient Internet à l’Etat Islamique
Dévasté par 4 ans de guerre, la Syrie ne dispose plus d’infrastructure télécom pour fournir Internet aux habitants. Le seul moyen d’accéder à la toile est de se connecter par satellite par l’intermédiaire d’une antenne parabolique et d’un modem. Interrogés par le journal allemand, deux activistes syriens expliquaient que dans des villes comme Deir Ezzor ou Raqqa, aux mains des terroristes de l’EI, “on peut apercevoir partout des antennes paraboliques, notamment sur les toits des maisons des djihadistes et des immeubles abritant les «chargés de communication» du groupe terroriste (…) sans ces antennes, Daesh serait coupé du reste du monde“. Tout le matériel nécessaire peut être acheté facilement dans la Turquie voisine, à Antioche.
Seulement avoir le matériel adéquat ne suffit pas, il faut nécessairement un abonnement. “Der Spiegel” a déterminé que les satellites utilisés par les terroristes sont gérés par des compagnies européennes, il cite notamment le français Eutelsat, détenu en partie par la Caisse des dépôts et consignations (donc l’Etat), Avanti PLC, un opérateur britannique et le luxembourgeois SES.
Les opérateurs se défendent d’être impliqués directement
Il semblerait cependant peu probable que ces compagnies soutiennent en quelque sorte Daech en leur mettant à disposition un accès à Internet. SES et Eutelsat répondaient à l’hebdomadaire allemand qu’ils ne fournissent pas volontairement un accès par satellite à l’EI, pourtant des terminaux de connexion “ont été localisés, en 2014 et 2015, en Syrie et en Irak” et “les opérateurs satellites et leurs distributeurs connaissent généralement l’emplacement des équipements qu’ils fournissent“, notait “Der Spiegel”.
Dans “Libération”, SES assurait n’avoir “pas connaissance que ses satellites sont utilisés par l’EI ou dans des zones syriennes contrôlées par l’EI“. De son côté Avanti n’a pas souhaité répondre au journal allemand, se contentant de déclarer qu'”en tant que fournisseur de gros, et comme tous les opérateurs de satellites, Avanti ne conserve ni l’identité ni les informations de localisation précises des utilisateurs en bout de chaîne“, en ajoutant que la compagnie ne signe “qu’avec des opérateurs officiels en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient“.