Les États-Unis envisagent d’exiger l’historique des réseaux sociaux sur cinq ans aux visiteurs

Image d'illustration. Trump cour supremeADN
Les États-Unis envisagent de renforcer les contrôles aux frontières en demandant aux voyageurs étrangers de fournir leurs historiques d’activité sur les réseaux sociaux des cinq dernières années, dans le but d’évaluer les risques potentiels avant d’accorder l’accès au territoire.
Tl;dr
- Projet : historique réseaux sociaux sur 5 ans exigé pour l’ESTA.
- Impact : hausse coûts, délais et possibles désistements touristiques.
- Mesure non définitive, discussion engagée aux États-Unis.
Vers un contrôle renforcé des voyageurs : la proposition américaine
La perspective d’un durcissement majeur de l’accès au territoire américain se dessine. Une proposition émanant du US Customs and Border Protection (CBP) prévoit que les voyageurs issus de pays bénéficiaires du dispositif ESTA, comme la France ou l’Allemagne, pourraient bientôt être sommés de fournir un historique complet de leurs activités sur les réseaux sociaux couvrant cinq années. Si cette mesure entre en vigueur, elle impacterait quelque quarante nationalités, dont celles des principaux partenaires européens ainsi que l’Australie et le Japon. Fait notable, les citoyens canadiens et mexicains, plus nombreux à visiter les États-Unis, resteraient dispensés de cette formalité.
Des exigences inédites pour les demandeurs d’ESTA
Concrètement, le CBP proposerait d’élargir la collecte d’informations lors des demandes d’autorisation électronique de voyage. Il ne s’agirait pas seulement d’exiger la liste exhaustive des pseudonymes utilisés sur les réseaux sociaux durant cinq ans. La mesure inclurait aussi :
- Téléphones et emails utilisés respectivement sur cinq et dix ans ;
- Précisions relatives à certains membres de la famille ;
- Mise en public obligatoire des profils en ligne.
La moindre omission pourrait entraîner le rejet immédiat — voire futur — de la demande de visa ou d’ESTA. En revanche, aucune précision n’a filtré concernant la nature exacte des contenus susceptibles d’être considérés comme disqualifiants.
Bousculade administrative et réactions inquiètes
L’adoption d’une telle règle ferait grimper en flèche les besoins administratifs : selon le document officiel, ce sont près de 5,6 millions d’heures de travail supplémentaires par an, soit l’équivalent de 3 000 emplois à plein temps. Au-delà du coût (l’ESTA coûte aujourd’hui 40 dollars, valable deux ans), les délais risquent fort de s’allonger. Certains touristes potentiels, notamment australiens venus assister à la prochaine Coupe du monde selon The Guardian, ont déjà renoncé face à ces perspectives qualifiées par certains d’« effrayantes ».
L’enjeu sécuritaire face à un secteur touristique fragilisé
Si le CBP rappelle que ce texte n’est pour l’heure qu’une étape préliminaire vers une éventuelle réforme – « Aucune règle n’est définitivement arrêtée aujourd’hui », assure-t-on à la BBC –, ce débat survient alors que la fréquentation touristique américaine recule déjà (-3 % depuis début 2024 selon le National Travel and Tourism Office). De son côté, le président Donald Trump, principal instigateur via un décret signé dès janvier (« Protéger les États-Unis contre les terroristes étrangers et autres menaces… ») relativise toute crainte quant à une fuite des touristes : « No. We’re doing so well… Nous voulons seulement éviter les mauvaises entrées sur notre sol. »