Le film Black Phone est-il basé sur une histoire vraie ?

Image d'illustration. The Black PhoneBlumhouse Productions / PR-ADN
Entre enlèvements fictifs et références criminelles réelles, Black Phone captive et terrifie à la fois.
Tl;dr
- The Grabber, le tueur de Black Phone, s’inspire à la fois de criminels réels et de figures fictives célèbres comme Pennywise.
- Le film mêle horreur surnaturelle et drame familial, en suivant Finney, un garçon capturé par le tueur, aidé par les conseils des précédentes victimes.
- Black Phone illustre comment le cinéma d’horreur puise dans la réalité criminelle américaine pour créer une tension universelle et glaçante.
Une inspiration qui puise dans le réel
Parfois, le cinéma d’horreur flirte dangereusement avec la réalité. Ainsi, si Black Phone a marqué les esprits, c’est sans doute parce que son tueur masqué, surnommé The Grabber, n’est pas qu’une simple créature d’invention. Pour façonner ce personnage glaçant, l’auteur Joe Hill — fils du maître du genre Stephen King — s’est inspiré d’une galerie d’individus tristement célèbres et de figures fictives déjà ancrées dans l’imaginaire collectif.
Derrière le masque du Grabber : entre clown et magicien
Dans un entretien accordé à Vanity Fair, Joe Hill avoue que son personnage est un mélange complexe. D’un côté, on retrouve une part de l’inquiétant Pennywise, le clown maléfique du roman Ça, imaginé par son père. De l’autre, la sinistre réalité de John Wayne Gacy, criminel américain ayant réellement sévi sous les traits d’un clown lors de fêtes pour enfants. Pourtant, dans le film réalisé par Scott Derrickson, The Grabber se fait magicien – une nuance subtile mais révélatrice : « Ce choix s’explique facilement : Pennywise venait tout juste d’être remis en lumière au cinéma… », admet l’auteur. La frontière entre fiction et fait divers devient alors étonnamment ténue.
L’intrigue, entre horreur surnaturelle et drame familial
À la source du long-métrage sorti en 2021, on trouve une nouvelle extraite du recueil 20th Century Ghosts, signée par Joe Hill. Le récit nous plonge dans une banlieue où sévissent des enlèvements d’enfants. Finney, jeune garçon issu d’un foyer brisé, se retrouve capturé par le mystérieux tueur. Seul dans un sous-sol lugubre équipé d’un téléphone débranché, il reçoit bientôt les conseils posthumes des précédentes victimes du Grabber — un ressort narratif qui permet à la tension fantastique de s’installer tout en soulignant l’angoisse bien réelle suscitée par les prédateurs anonymes.
À mesure que sa sœur explore la ville grâce à ses dons psychiques pour tenter de le retrouver, certains détails rappellent inévitablement les méthodes employées par des meurtriers tristement authentiques.
Quand la fiction dialogue avec l’histoire criminelle américaine
On ne compte plus les films ou séries qui trouvent leur matière première dans les cauchemars réels : récemment encore, Monster: The Ed Gein Story sur Netflix retraçait ainsi la trajectoire sanglante à l’origine de figures emblématiques comme Norman Bates ou Hannibal Lecter. Dans cette veine, Black Phone se distingue en assumant pleinement cet héritage hybride :
- Mélange subtil de références fictives et criminelles réelles ;
- Tension psychologique nourrie par des faits divers ;
- Sujet universellement anxiogène : la disparition d’enfants dans une Amérique fantasmée.
Sans jamais tomber dans la reconstitution documentaire, le film rappelle combien nos pires monstres portent parfois les visages ordinaires de notre histoire collective.