L’avis de Philip K. Dick sur l’adaptation culte de Blade Runner par Ridley Scott

Image d'illustration. Blade RunnerWarner Bros. Pictures / PR-ADN
Philip K. Dick, auteur visionnaire du roman à l’origine de Blade Runner, a suivi avec attention la transformation de son œuvre en film par Ridley Scott. Son opinion sur cette adaptation cinématographique majeure éclaire la relation complexe entre littérature et cinéma.
Tl;dr
- Philip K. Dick admirait l’esthétique de Blade Runner.
- Il espérait que le film révolutionne la science-fiction.
- L’œuvre, aujourd’hui culte, n’a pas rencontré de succès immédiat.
Un film incompris à sa sortie
Lorsqu’en 1982, Ridley Scott dévoile son ambitieuse odyssée de science-fiction, Blade Runner, le public boude la salle. Malgré des visuels d’avant-garde et un univers dystopique captivant, l’accueil reste froid : sur un budget conséquent de 30 millions de dollars, le box-office plafonne péniblement à 41 millions. Les critiques pointent du doigt une narration jugée lente, des personnages peu attachants et une fin laissant perplexe.
Pourtant, la carrière du film ne fait alors que commencer. Très vite, un cercle de passionnés se forme autour de cette adaptation très libre du roman Do Androids Dream of Electric Sheep? signé par l’auteur majeur de la SF américaine Philip K. Dick. À travers la trajectoire du blade runner Rick Deckard — incarné par Harrison Ford — lancé aux trousses des redoutables Replicants, l’œuvre finit par conquérir le public grâce à la vidéo domestique puis à une ressortie en director’s cut en 1992.
L’avis inattendu de Philip K. Dick
Bien qu’il soit décédé avant la sortie officielle du film, Philip K. Dick n’est pas resté indifférent à ce projet si singulier. Dans une lettre adressée à un cadre du studio Warner Bros en 1981 — rendue publique depuis — il partage ses impressions après avoir vu un reportage télévisé sur les coulisses du tournage. L’auteur confie avoir été saisi par la puissance esthétique et l’ambition du projet : selon lui, Scott ne proposait ni simple science-fiction ni fantasme : « C’est exactement ce qu’Harrison Ford a dit : du futurisme. »
Une révolution pour un genre en perte de vitesse ?
Philip K. Dick, qui exprimait alors son scepticisme envers une SF devenue selon lui trop « dérivative » et « inspirant peu d’évasion réelle », place beaucoup d’espoirs dans ce long-métrage qu’il qualifie même d’« expression artistique nouvelle ». À ses yeux :
- L’authenticité visuelle.
- L’approche réaliste et détaillée.
- L’inspiration puisée dans sa propre œuvre.
constituent autant de facteurs capables de redéfinir les standards d’un genre essoufflé.
L’héritage inaltérable d’une œuvre pionnière
Malgré son échec commercial initial, l’aura de Blade Runner n’a cessé de grandir. Au fil des années, ses décors et sa vision ont profondément marqué le cinéma mondial — jusqu’à donner naissance à une suite attendue, réalisée par Denis Villeneuve, en 2017. Si Philip K. Dick ne put assister à cette consécration posthume, il avait pressenti que Blade Runner serait invincible face au temps : « Rien de ce que nous avons fait n’égale cela… C’est du super-réalisme tellement convaincant que ma propre réalité me paraissait fade ensuite ». Une intuition qui s’est muée en évidence pour toute une génération de spectateurs et créateurs.