La série méconnue d’Anne Rice sur AMC séduit, mais trahit l’œuvre originale – inquiétudes pour la saison 3

La série d’AMC inspirée des romans d’Anne Rice séduit par sa qualité et son ambiance, mais déçoit les fans par ses libertés prises avec le matériau d’origine, laissant planer des doutes quant à la direction de la troisième saison.

Une adaptation aussi brillante que déroutante

Avec sa première diffusion en 2022, la série d’AMC, Interview With the Vampire, s’est rapidement imposée comme l’une des productions télévisuelles les plus raffinées du moment. Interprétée par les remarquables Sam Reid et Jacob Anderson, elle propose une relecture audacieuse du classique littéraire d’Anne Rice. Pourtant, derrière l’excellence indéniable de son jeu d’acteurs et de sa mise en scène, le show divise les admirateurs de la saga originelle. La raison ? Une adaptation qui prend des libertés surprenantes avec la matière première.

Louis, Lestat et des choix narratifs risqués

L’un des points centraux de cette réinterprétation réside dans le traitement du personnage de Louis de Pointe du Lac. Là où le roman s’attarde sur ses tourments existentiels et spirituels, la série préfère explorer sa lutte identitaire face à sa sexualité et au racisme. Ce recentrage émotionnel fonctionne pour le format télévisuel, mais il éloigne le récit du questionnement philosophique qui animait si profondément l’œuvre d’Anne Rice. Le décès du frère de Louis — un pivot narratif majeur dans le livre — se retrouve ainsi relégué à une dimension presque secondaire.

Cette évolution narrative impacte également Lestat, dont la complexité est parfois sacrifiée au profit d’une incarnation plus caricaturale : séducteur manipulateur, narcissique assumé… mais un brin trop lisible. Si cette version offre une dynamique nouvelle à l’écran, elle fait perdre une part essentielle de l’ambiguïté qui liait ces deux personnages emblématiques.

Nouvelles figures, nouveaux débats pour la saison 3

Alors que la série se prépare à changer de titre pour devenir The Vampire Lestat en saison 3 (prévue en 2026), les attentes grandissent autour de l’introduction de nouveaux personnages issus du second tome des Vampire Chronicles. C’est notamment le cas de Gabrielle – rebaptisée Gabriella – la mère de Lestat. Un changement validé par le showrunner Rolin Jones, qui justifie ce choix par l’envie d’apporter plus de « féminine vampiric blood ». Mais cette démarche soulève déjà des inquiétudes chez les lecteurs historiques : dans le roman, Gabrielle adopte un style masculin très affirmé après sa transformation. Elle incarne même, pour certains fans, une figure transmasculine ou genderfluid avant l’heure. La crainte aujourd’hui ? Que cet aspect fondamental soit gommé au profit d’une représentation plus traditionnelle.

L’adaptation : entre réussite esthétique et perte d’essence ?

Bien sûr, toute adaptation suppose des ajustements — c’est inévitable lorsque l’on transpose un univers aussi dense à l’écran. Cependant, selon une partie du public fidèle à Anne Rice, certaines libertés prises effacent subtilement ce qui faisait toute la singularité du récit original : ses nuances morales, ses interrogations sur la foi ou encore ses explorations identitaires complexes. Pour résumer :

• Dérives narratives centrées sur l’érotisme aux dépens de l’existentiel.
• Dynamique entre Louis et Lestat simplifiée.
• Nouveaux enjeux autour des personnages féminins.

Reste à espérer que la troisième saison saura retrouver cet équilibre délicat entre fidélité littéraire et innovation scénaristique — un défi aussi périlleux que captivant pour les créateurs et les spectateurs passionnés.