Honda suspend sa production face à la crise des semi-conducteurs

Image d'illustration. HondaHonda / PR-ADN
Confronté à la pénurie mondiale de semi-conducteurs, le constructeur automobile Honda annonce l’interruption temporaire de ses activités de production dans ses usines situées au Japon et en Chine, impactant ainsi son calendrier industriel.
Tl;dr
- L’industrie automobile mondiale subit des interruptions de production à cause de chaînes d’approvisionnement fragilisées.
- La crise est provoquée par une pénurie de puces électroniques liée à des tensions géopolitiques entre la Chine, les Pays-Bas et les États-Unis.
- Le secteur n’était pas préparé à ces perturbations, et les répercussions dépassent les simples problèmes techniques.
Des chaînes d’approvisionnement fragilisées
La situation reste délicate pour l’industrie automobile mondiale. Malgré des prévisions initiales optimistes, la reprise s’avère plus complexe que prévu. Début novembre 2025, Honda espérait encore un retour à la normale dans ses usines, mais force est de constater que les obstacles persistent. Le constructeur va devoir suspendre la production au Japon les 5 et 6 janvier prochains 2026 ; du côté de la Chine, toutes les usines Guangqi Honda Automobile cesseront leur activité du 29 décembre 2025 au 2 janvier 2026.
L’origine de la crise : une pénurie de puces stratégiques
Au cœur de ces difficultés, on retrouve une pénurie persistante de semi-conducteurs, élément vital pour l’automobile moderne comme pour bien d’autres secteurs technologiques. Cette rareté ne tombe pas du ciel : elle découle d’un bras de fer géopolitique inattendu entre la Chine, les Pays-Bas, et, en toile de fond, les États-Unis.
En octobre dernier, le gouvernement néerlandais a mis sous tutelle l’entreprise de semi-conducteurs Nexperia, détenue majoritairement par le groupe chinois Wingtech. Officiellement, il s’agissait de pallier des «sérieuses lacunes en matière de gouvernance» — allégation que certains jugent discutable puisque les autorités néerlandaises étaient informées des risques dès 2019. Dans cette ambiance tendue, impossible d’ignorer le poids des pressions américaines sur ce dossier.
Tensions internationales et blocages commerciaux
Ce coup de théâtre a eu un effet domino immédiat. En réaction à l’intervention néerlandaise, la Chine a bloqué l’exportation des puces produites par Nexperia. Puis, après plusieurs rounds de négociations qualifiés de «constructifs», les Pays-Bas ont fini par lever partiellement leur contrôle ; Pékin a alors atténué ses restrictions via quelques exemptions sur ses propres contrôles à l’exportation. Mais, si une issue diplomatique semble avoir été esquissée, elle n’a pas suffi à remettre sur pied des chaînes d’approvisionnement fortement perturbées.
L’industrie automobile prise au dépourvu
Selon certains experts, la filière n’était tout simplement pas préparée à une telle rupture liée aux tensions géopolitiques. Pour reprendre les mots d’Ambrose Conroy, consultant chez Seraph Consulting : «Personne dans l’industrie automobile ne s’était préparé à une perturbation géopolitique ». La réalité dépasse aujourd’hui les simples problèmes techniques : c’est tout l’équilibre mondial du secteur qui vacille face à ce nouvel ordre économique instable.