Guillermo del Toro révolutionne Frankenstein : deux changements majeurs qui subliment le récit

Image d'illustration. FrankensteinNetflix / PR-ADN
Guillermo del Toro revisite le mythe de Frankenstein en y apportant deux modifications majeures. Son approche novatrice, saluée par la critique, enrichit l’histoire originale et offre une nouvelle perspective sur ce classique littéraire.
Tl;dr
- Del Toro réinvente Frankenstein avec fidélité et innovation.
- Elizabeth n’est plus la fiancée de Victor, bouleversant l’intrigue.
- Un nouveau final humanise la Créature, tragédie accentuée.
Une vision renouvelée du mythe Frankenstein
Il aura fallu attendre près de dix-huit ans avant que Guillermo del Toro ne livre enfin sa version tant attendue de Frankenstein. Ce film, bien plus qu’une adaptation classique, s’affirme comme une relecture profonde de l’œuvre de Mary Shelley, à la fois respectueuse du texte originel et audacieuse dans ses choix. Le réalisateur mexicain, admirateur déclaré du roman, avait depuis le début affiché son ambition : offrir une histoire « tragique », mettant en lumière des aspects jusqu’ici négligés par le cinéma.
Des choix narratifs audacieux
Parmi les changements majeurs opérés par Guillermo del Toro, l’un frappe particulièrement : le personnage d’Elizabeth. Loin du schéma traditionnel – où elle incarne la fiancée de Victor Frankenstein – le film lui confère une place inédite. Désormais fiancée au frère de Victor, William, Elizabeth (interprétée par Mia Goth) devient le point de cristallisation d’une tragédie familiale. Victor, rongé par un amour non partagé et un profond sentiment d’isolement, se trouve confronté à sa propre solitude, miroir de celle de la Créature. La scène où Victor tente de tuer le monstre et provoque accidentellement la mort d’Elizabeth amplifie le désespoir, transformant la destinée du scientifique en parcours de solitude extrême.
Un final inédit, source d’émotion
L’autre grande originalité réside dans la conclusion. Là où le roman se terminait sur la mort de Victor racontée à un capitaine de navire, et où les films Universal éludaient ce dénouement, Del Toro remet en scène le navire, mais s’écarte du récit traditionnel. Cette fois, c’est la Créature elle-même qui prend la parole pour relater sa propre histoire. Le rapport entre le monstre et son créateur s’en trouve transformé : Victor, au seuil de la mort, exprime enfin des remords sincères envers sa création et demande pardon. La Créature lui accorde ce geste d’humanité ultime, clôturant leur relation dans une atmosphère d’émotion rarement atteinte dans les précédentes adaptations.
Réhabiliter le monstre et accuser le créateur
Au-delà de ses innovations scénaristiques, le film opère un déplacement subtil, mais décisif du regard du spectateur. En insistant sur la solitude tragique de Victor et sur la souffrance du monstre rejeté, Guillermo del Toro inverse la perspective : ici, le véritable « monstre » n’est plus celui que l’on croit. En somme, cette nouvelle lecture de Frankenstein bouleverse les certitudes et redonne toute sa dimension humaine au mythe.