Dinosaure : quand Disney ose la fusion CGI et décors naturels

Image d'illustration. DinosaureDisney / PR-ADN
Sorti il y a un quart de siècle, le film Dinosaure de Disney est souvent relégué aux oubliettes. Pourtant, cette production audacieuse mêlant animation révolutionnaire et récit préhistorique mérite d’être redécouverte aujourd’hui.
Tl;dr
- En 2000, Disney lance Dinosaure, mêlant personnages animés et paysages réels impressionnants, avec Aladar, un iguanodon, comme héros.
- Le projet initial, sombre et adulte sous la houlette de Paul Verhoeven et Phil Tippett, est transformé en version familiale avec animaux parlants.
- Malgré un succès commercial limité, le film marque les esprits par son innovation visuelle et le travail du studio disparu The Secret Lab.
Un pari visuel audacieux pour Disney
À l’aube des années 2000, le cinéma d’animation entamait une métamorphose spectaculaire. Sur fond de compétition effrénée entre studios et d’expérimentations techniques, Disney lançait Dinosaure, une œuvre à la croisée des genres. Sorti en 2000, le film suit les pérégrinations d’Aladar, un iguanodon élevé par une famille de lémuriens, qui se retrouve contraint de migrer après qu’une météorite bouleverse son existence insulaire. L’histoire prend alors des allures d’épopée, opposant le groupe aux dangers du continent et à la dureté du chef du troupeau.
Une genèse aussi fascinante que mouvementée
L’origine du projet détonne dans la tradition de la firme aux grandes oreilles. Dès ses premières esquisses, Dinosaure devait être un long-métrage radicalement différent : sous l’impulsion du génie des effets spéciaux Phil Tippett et du réalisateur Paul Verhoeven, le film ambitionnait une fresque muette et adulte, foisonnant de combats sanglants et d’évocations sans fard de l’extinction des dinosaures. L’idée séduit un temps Jeffrey Katzenberg, alors président de Disney, avant que la direction ne privilégie finalement une version familiale avec animaux parlants. Ce virage artistique pousse Tippett et Verhoeven à s’éloigner ; Tippett trouvera toutefois matière à rebondir sur un autre chantier culte : Jurassic Park, grâce à la productrice Kathleen Kennedy.
L’héritage visuel de The Secret Lab
Il serait injuste de réduire Dinosaure à sa dimension narrative classique. Dès sa promotion – souvenez-vous des spectateurs découvrant le prologue muet lors de Toy Story 2 ou sur les cassettes VHS de Tarzan – le film frappait par sa proposition esthétique singulière : mêler personnages animés et paysages naturels majestueux (les tepuis vénézuéliens, notamment). À ce titre, il faut saluer le travail remarquable du défunt studio The Secret Lab, voulu par Michael Eisner pour concurrencer Pixar. Outre Dinosaure, ce laboratoire discret a aussi œuvré sur des titres comme Reign of Fire ou posé les bases techniques qui aboutiront plus tard au film Gemini Man.
Pour apprécier ce long-métrage sous-estimé, il suffit parfois d’un regard neuf sur :
- L’ouverture sans dialogue, puissante et immersive.
- L’intégration inédite CGI/décors réels, bluffante pour l’époque.
- L’audace technique d’un studio aujourd’hui disparu.
Un semi-échec devenu œuvre culte ?
S’il n’a pas bouleversé le box-office ni renouvelé profondément le genre comme certains espéraient, Dinosaure garde aujourd’hui une place à part dans la mémoire collective. Son rendu visuel demeure impressionnant face aux productions contemporaines – réalisme des textures et interactions avec l’eau surpassent même quelques œuvres CGI sorties depuis. Un témoignage tangible d’une période où l’innovation primait souvent sur les recettes toutes faites. Ceux qui souhaitent redécouvrir cette curiosité peuvent se tourner vers Disney+.